Une forteresse en rondins et une échelle © bissig / Shutterstock
Une forteresse en rondins et une échelle © bissig / Shutterstock

De récentes découvertes archéologiques en Sibérie ont dévoilé, selon les chercheurs, le plus ancien fort du monde, datant de 8 000 ans, remettant en question toutes nos idées sur l'évolution des sociétés préhistoriques.

Les chercheurs ont fait une découverte fondamentale au cœur de la taïga sibérienne. Le complexe archéologique d'Amnya, considéré comme la fortification de l'âge de pierre la plus septentrionale connue en Eurasie, daterait d'il y a 8 000 ans. Elle est ainsi beaucoup plus ancienne qu'on aurait pu l'imaginer. Il s'agirait peut-être même de la plus ancienne forteresse de l'histoire, si l'on en croit les dernières datations par radiocarbone des scientifiques de l'université de Cambridge.

Une forteresse évoluée et indépendante, dotée d'ingénieuses capacités de défense

Dans la revue Antiquity, l'équipe de recherche explique avoir minutieusement étudié les sites Amnya I et Amnya II, en révélant des éléments qui peuvent chambouler notre compréhension de l'évolution sociale en Sibérie.

Sur place, on distingue une hiérarchie sociale bien présente, notamment indiquée par la disposition de maisons surélevées, tandis que les colonies, malgré le climat ô combien rigoureux, étaient très certainement occupées toute l'année. Les fossés et palissades défensifs ainsi que les traces de reconstruction après des incendies, témoignent d'une société à la fois organisée et résiliente, dotée de capacités physiques de résistance pour l'époque impressionnantes.

Les découvertes incluent pas moins de 45 pièces de poterie, qui suggèrent une sophistication dans le traitement et le stockage des ressources alimentaires. Des couches de roches témoignent à nouveau d'une histoire mouvementée (les incendies et reconstructions répétés), témoin d'une défense acharnée contre les intrus et ennemis de l'époque. Des armes, telles que des silex et des projectiles en ardoise, confirment une société adaptée à la chasse, remettant en question la corrélation traditionnelle entre l'agriculture et la complexité sociale, au cœur de ce qui semblait être une communauté de chasseurs-cueilleurs.

Les structures de relief superficiel du site Amnya I, qui remonteraient à 8 000 ans : en haut, une fosse ; en bas, une ligne défensive extérieure, avec talus et fossé © 2023, Cambridge University Press / Ekaterina Dubovtseva
Les structures de relief superficiel du site Amnya I, qui remonteraient à 8 000 ans : en haut, une fosse ; en bas, une ligne défensive extérieure, avec talus et fossé © 2023, Cambridge University Press / Ekaterina Dubovtseva

L'ancienneté des structures d'Amnya confirmée par datation au radiocarbone

Pour expliquer l'établissement des colonies d'Amnya, les chercheurs avancent plusieurs scénarios, évoquant par exemple les changements climatiques on l'influence de cultures extérieures. Quelle qu'en soit la cause, il est certain que ces colonies ont défendu des quantités colossales de provisions contre les pillards. Cela contredit d'ailleurs l'idée selon laquelle l'agriculture était nécessaire, voire fondamentale, pour stimuler l'innovation technologique, architecturale et sociopolitique, et ainsi passer de sociétés nomades de chasseurs-cueilleurs à des sociétés sédentaires et permanentes.

L'étude (passionnante et dont vous pouvez retrouver le lien en source, à déguster sans modération) souligne aussi l'importance de comprendre le passé de la Sibérie occidentale, pour saisir l'évolution sociale de ces colonies.

Pour confirmer l'ancienneté des structures d'Amnya, les chercheurs ont utilisé la datation au radiocarbone. Ils essaient de prouver, par leurs découvertes, que les premières forteresses sont apparues ici bien avant qu'elles soient érigées dans le reste du Vieux continent. Mais surtout, les recherches témoignent d'une communauté bien plus évoluée que l'Histoire pouvait le suggérer jusque-là.

Source : Cambridge.org