© Adobe Stock
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La découverte d'une couche jusqu'alors inconnue au centre de notre planète ouvre de nouvelles voies pour l’étude du champ magnétique terrestre.

Alors que notre regard se porte de plus en plus loin dans l'espace et son passé, il nous reste encore de nombreuses choses à apprendre sur la Terre. Ce n'est pas nécessairement par manque de volonté, c'est plutôt parce que ce n'est pas toujours facile.

Le difficile voyage au centre de la Terre

La structure de la Terre et les différentes couches qui la composent sont assez compliquées à observer, car il n'est pas évident d'y pénétrer très loin. Le puits le plus profond jamais creusé, situé en Russie, s'enfonce à un peu plus de douze kilomètres dans la croûte terrestre, alors que le diamètre de la planète en fait... 12 000. Alors, comme on ne peut pas creuser jusqu'au centre, il faut employer quelques astuces pour en découvrir tous les secrets.

Par exemple, il est possible d'observer les ondes sismiques lorsqu'elles traversent tout le diamètre de la Terre, afin de se faire une idée de sa composition interne. Comme une onde d'eau qui frappe le bord d'une piscine, elles peuvent rebondir d'un côté à l'autre de la planète, comme une balle de tennis qui sert de jouet à votre boule de poil. Ainsi, en étudiant des ondes qui ne sont pas exactement perpendiculaires à la surface, on peut constater différentes variations entre chaque aller-retour.

Une étude inédite « dans l'histoire de la sismologie »

Ces variations ne sont pas anodines, car la composition des différentes couches de la Terre a un impact sur la vitesse des ondes, en fonction de leur densité, de leur température et de leur composition. Grâce à ce principe, des chercheurs de l'Université nationale australienne (ANU) ont découvert que quelque chose se cache dans le noyau interne de la Terre.

L'équipe a suivi plusieurs séismes traversant le diamètre de cette dernière, rebondissant parfois jusqu'à cinq fois. Thanh-Son Phạm, auteur principal de l'étude, affirme que cela n'avait jamais été fait « dans l'histoire de la sismologie », car les études précédentes n'avaient pu documenter qu'un seul rebond par observation. Il a donc été possible d'étudier des ondes traversant plusieurs fois le noyau interne. Entre les passages sur les côtés du noyau et les passages plus proches de son centre, il y avait une différence notable qui suggère une différence de composition.

© Drew Whitehouse / Son Phạm / Hrvoje Tkalčic
© Drew Whitehouse / Son Phạm / Hrvoje Tkalčic

Un témoignage du passé lointain des planètes

Il s'agirait d'un noyau au centre même du noyau interne, composé d'un alliage de fer et de nickel, et qui serait un « témoignage fossilisé » de l'histoire ancienne de la Terre. Il nous suggère par la même occasion un événement majeur dans le passé de la planète, qui aurait eu un impact « significatif » sur ses couches les plus profondes. Selon Phạm, cela pourrait également contribuer à expliquer la formation du champ magnétique terrestre qui protège la planète des rayonnements nocifs, et empêche l'eau de dériver dans l'espace.

Ces résultats peuvent aussi aider les scientifiques à comprendre la formation et l'évolution de Mars, qui a perdu son champ magnétique il y a environ quatre milliards d'années, entraînant la disparition de son atmosphère et de ses océans. Le chercheur ajoute que cette découverte devrait aussi permettre de déterminer si d'autres planètes du système solaire, et peut-être même des exoplanètes, sont ou ont été habitables ou non.

Source : Engadget