Valles Marineris se trouve à proximité de l'équateur de Mars © Wikimédia / Domaine public
Valles Marineris se trouve à proximité de l'équateur de Mars © Wikimédia / Domaine public

En étudiant les informations récoltées par la mission menée conjointement par l’ESA et Roscosmos, ExoMars Trace Gas Orbiter, des scientifiques ont découvert une importante quantité d’eau qui s’étend sur une surface similaire à celle des Pays-Bas. Elle se trouve sous Valles Marineris, un immense système de canyons situé sur la planète rouge. C’est justement cette localisation qui interpelle les chercheurs. 

Souvent comparé au Grand Canyon terrien, Valles Marineris est pourtant dix fois plus long et cinq fois plus profond que celui-ci. Habituellement, l’eau trouvée sur Mars se situe au niveau des pôles de la planète ou profondément sous sa surface. Ce n’est pas le cas ici, puisque Valles Marineris se trouve à proximité de l’équateur de la planète rouge. 

Une importante quantité d’eau juste sous la surface de Mars

Cette découverte surprenante a été rendue possible par les observations de l’instrument FREND (Fine Resolution Epithermal Neutron Detector) entre mai 2018 et février 2021. Celui-ci cartographie l’hydrogène se trouvant juste sous le sol martien, jusqu’à un mètre de profondeur. « FREND a révélé une zone contenant une quantité inhabituelle d'hydrogène dans le colossal système de canyons de Valles Marineris : en supposant que l'hydrogène que nous voyons est lié à des molécules d'eau, jusqu'à 40 % du matériau proche de la surface dans cette région semble être de l'eau », explique Igor Mitrofanov, de l'Institut de recherche spatiale de l'Académie des sciences de Russie à Moscou et auteur principal de l’étude.

L’eau a été détectée par le flux de neutrons qu’elle émettait. Alexey Malakhov, autre chercheur ayant participé à l’étude, explique ce procédé : « Les neutrons sont produits lorsque des particules hautement énergétiques, connues sous le nom de "rayons cosmiques galactiques", frappent Mars. Les sols plus secs émettent plus de neutrons que les sols plus humides, et nous pouvons donc déduire la quantité d'eau contenue dans un sol en observant les neutrons qu'il émet. »

Si les chercheurs ne peuvent pas encore dire si l’eau découverte se présente sous la forme de glace ou de minéraux hydratés, ils penchent pour la première option. Cela soulève de nouvelles questions pour les scientifiques, car d'ordinaire, l’eau glacée se trouvant à l’équateur de Mars s’évapore à cause des conditions climatiques. Cela suggère que des conditions encore méconnues dans cette région permettent à l’eau récemment découverte d’y subsister, déclare l’ESA. 

La cartographie de la région riche en eau de Valles Marineris par ExoMars Trace Gas Orbiter
La cartographie de la région riche en eau de Valles Marineris par ExoMars Trace Gas Orbiter

Une découverte prometteuse pour l’avenir

La découverte d’eau sur la planète rouge est cruciale, aussi bien pour comprendre son passé climatique et biologique, que pour le futur des missions habitées. Désormais, les scientifiques ayant mené l’étude souhaitent approfondir leur recherches sur l’eau récemment découverte pour expliquer sa présence à cet endroit précis. Ils souhaiteraient aussi, pourquoi pas, trouver des réservoirs similaires dans des zones où l’on ne s’attend pas à trouver de l’eau. 

« Il est essentiel de savoir comment et où l'eau existe sur la planète Mars actuelle pour comprendre ce qu'il est advenu de l'eau autrefois abondante sur Mars, et cela nous aide dans notre recherche d'environnements habitables, de signes possibles de vie passée et de matériaux organiques des premiers jours de Mars », conclut Colin Wilson, chef de projet scientifique de l’ExoMars Trace Gas Orbiter. 

Source : ESA