Si tous les yeux sont actuellement rivés sur Perseverance, il ne faut pas oublier son prédécesseur, Curiosity. Foulant le sol martien depuis 2012, il nous permet encore de réaliser d’incroyables découvertes.
Le mont Sharp, indicateur idéal du passé de Mars
De précédentes recherches ont démontré que la planète rouge n’avait pas toujours été aussi sèche et froide. Il fut un temps où son climat était bien plus chaud, tandis qu’elle abritait des lacs et rivières. Les chercheurs estiment que l’eau a entièrement disparu de sa surface il y a 3 milliards d’années ; une nouvelle étude parue dans la revue Geology vient nous éclairer sur le processus qui a précédé cet événement et qui revêt une importance capitale pour comprendre l’évolution de Mars.
Les scientifiques ont basé leurs recherches sur des données récoltées par le rover Curiosity de la NASA et plus particulièrement son instrument ChemCam. Celui-ci est doté d’un laser infrarouge qui peut chauffer des morceaux de roche à de très hautes températures, ce qui permet de vaporiser la roche et créer du plasma. Les scientifiques peuvent ensuite avoir un aperçu de l'intérieur des minéraux et observer la composition chimique de la roche et, de cette manière, remonter dans l'histoire géologique de la planète.
Par ailleurs, Curiosity se trouve sur le mont Sharp dans le cratère de Gale, une localisation idéale pour comprendre le passé de notre voisine : « L'un des principaux objectifs de la mission Curiosity était d'étudier la transition entre l'environnement habitable du passé et le climat sec et froid qui règne actuellement sur Mars. Ces couches rocheuses (ndlr : celles du mont Sharp) ont enregistré ce changement de manière très détaillée », a déclaré Roger Wiens, co-auteur de l'étude et scientifique de l'équipe ChemCam au laboratoire national de Los Alamos.
Quand la roche parle
Les chercheurs ont pu analyser les strates, c’est-à-dire les différentes couches de roches, et en ont déduit que Mars a connu une transition entre des périodes plus humides et plus sèches avant de perdre complètement son eau. Ils ont ainsi découvert que la base du mont Sharp était constituée d’argile déposée par le lac qui remplissait autrefois le cratère de Gale. Au-dessus se trouvent des couches de grès dont la formation provient de dunes sculptées par le vent pendant les périodes plus sèches.
Enfin, par-dessus tout cela, les scientifiques ont observé de minces lits alternés de roches claires et sombres, ce qui est typique des dépôts de plaines d'inondation fluviales, marquant ainsi le retour de conditions plus humides. Heureusement, la mission de Curiosity n’est pas achevée : le rover va encore grimper sur le mont Sharp et étudier ses roches pour mieux déterminer leur composition exacte. « Savoir de quoi elles ont été faites pourrait nous aider à comprendre les raisons des fluctuations climatiques », a déclaré William Rapin, co-auteur de l’étude et scientifique à l’université de Toulouse.