Sur Mars, Curiosity a bien débuté son road trip estival de 1,6 km

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
07 juillet 2020 à 17h50
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Impossible de se tromper, c'est bien lui ! Crédits NASA/JPL-Caltech
Impossible de se tromper, c'est bien lui ! Crédits NASA/JPL-Caltech

Alors que tous les yeux sont tournés vers les missions qui s'apprêtent à partir vers la planète rouge, le grand rover Curiosity continue son voyage. Depuis fin mai, il a entamé un périple qui va durer jusqu'à l'automne.

En route pour les sulfates !

Il roule, il roule…

Après bientôt huit ans et presque 23 kilomètres de route, le rover Curiosity continue d'examiner le sol du cratère de Gale, proche de l'équateur de Mars. Sur les contreforts du gigantesque Mont Sharp, il étudie le relief et la géologie de ce qui était autrefois un ensemble complexe de lacs, de berges, de rivières, et qui au fil du temps s'est asséché, au fur et à mesure que l'atmosphère de Mars disparaissait elle aussi, pour devenir le désert inhospitalier que l'on connait aujourd'hui.

Depuis son atterrissage sur le site « Yellowknife », il n'a cessé de visiter des régions différentes, au fur et à mesure qu'il gagnait de l'altitude (plus de 350 mètres de dénivelé aujourd'hui)… Tout en prélevant et en analysant un maximum d'échantillons sur son chemin grâce à sa petite foreuse et ses instruments embarqués. Plaine, cuvette, lit de rivière, berge, dune de sable, dépôts de sédiments, zone argileuse et rocheuse… Curiosity a coché toutes les cases de la liste réalisée par les chercheurs pour justifier le « terrain de jeu » du plus grand rover de la NASA, de son époque. Toutes ? Non. Il reste les sulfates…

Vous avez dit sulfates ?

Ce printemps, Curiosity était sur les pentes (escarpées) du pédiment Greenheugh, un plateau dont les bords se sont désagrégés sous l'action des vents et du sable au cours des 3 derniers milliards d'années.

Mais le rover de la NASA n'avait pas prévu d'y rester. Il est brièvement revenu en arrière pour en redescendre, avant de prendre cap à l'Est, pour un voyage d'environ 1,6 kilomètres.

Il existe en effet une région, que l'on espère riche en sulfates (sulfate-bearing unit, en anglais) qui fait partie des priorités scientifiques du programme et que Curiosity doit absolument examiner pour que sa mission soit un succès total… Et ce, même si après huit ans et déjà deux extensions de mission, elle a déjà eu un impact majeur sur notre façon d'envisager le passé de Mars.

On devine dans ce grand paysage de vagues sableuse et de roches le Mont Sharp en fond (à droite). Crédits NASA/JPL-Caltech
On devine dans ce grand paysage de vagues sableuse et de roches le Mont Sharp en fond (à droite). Crédits NASA/JPL-Caltech

L'important, c'est aussi le voyage !

Reste qu'un tel trajet n'est pas anodin pour le rover, qui navigue rarement plus de 50 à 70 mètres par jour (et qui reste en général au moins 48 heures sur un site pour pouvoir examiner les environs). On le sait, ses roues sont en mauvais état, même si leur usure ne devrait pas empêcher de mener à bien sa mission… Et les algorithmes utilisés par Curiosity lui permettent de choisir une partie de son parcours d'un point A à un point B pour éviter au maximum les obstacles.

L'idée est donc de l'emmener sur un trajet relativement bien défini, qui contourne une large région sablonneuse, tout en s'arrêtant régulièrement pour des observations scientifiques. Une grande « pause » de deux ou trois semaines n'est pas à exclure sur le chemin si d'aventure un site propice à un forage était identifié.

En juin, Curiosity a par exemple pris un peu de temps pour observer la colline Bloodstone, plus « brillante » que le reste du paysage qui l'entoure et qui était visible sur les tous premiers panoramas de la mission…

Source : Mars Daily

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (11)

Fulmlmetal
qu’en est il des roues, à une période il avait été dit que certaines roues étaient abimées et perforées ? mais depuis plus de nouvelle.
Duben
Je trouve ça tellement fou, un robot, si loin, qui peut ramener tant d’infos, c’est quand même impressionnant quand on y pense
ebottlaender
C’est le cas, on en parle vite fait dans l’article. Elles sont bel et bien abîmées et perforées, et il faut y porter une attention particulière (par exemple pour ses longs trajets, Curiosity va souvent en arrière, pour économiser l’usure de ses roues avant). Après ils ont fait des tests et les roues sont capables d’aller encore beaucoup plus loin même s’il ne reste qu’un vieux squelette de métal sur le moyeu ^^
ebottlaender
La situation c’est « on fait gaffe mais ça n’est pas dramatique ».
max_971
Ils auraient du envoyer un robot mécano pour réparer tout ça.
Pierre2
Il n’y a pas de « point S » là-bas ?
Element_n90
On sait pendant combien de temps on peut envisager de se servir encore de lui ?<br /> Avec Persevérence qui devrait arriver d’ici peu, la NASA va le mettre en sommeil ou il devrait rester aussi actif qu’à l’heure actuelle ? Par ce qu’il semblerait que ça coûte chère en frais de fonctionnement des missions comme ça, que c’est pas juste un nerd payé en popcorn qui se contente de tenir un joystick…
Catstom
Et on sait pourquoi ses roues ont été si abimées ???
ebottlaender
Oui, il se trouve que la plaine dans laquelle Curiosity a atterri avait un terrain plus abrasif que prévu, avec des roches très pointues. D’autre part le soft qui aujourd’hui permet d’éviter au maximum l’usure n’était pas encore en place. C’est dans sa première année que le rover a pris le plus cher.<br /> Pour Perseverance, ils ont légèrement changé le design des roues.
ebottlaender
Il y a en effet une réduction de budget prévue dans le plan pour 2021, mais rien de tout ça n’est encore voté. En tout cas il ne sera pas délaissé tant qu’il peut servir, mais il est possible de réduire les équipes et… D’en faire moins. Ce qui est quand même balot pour un outil à 3,5 milliards de dollars qui se porte relativement comme un charme.<br /> Il pourrait tenir jusqu’à 2025 environ. Après quoi il faudra l’économiser (donc soit rouler, soit faire un peu de science, ne pas activer tous les instruments dans la même journée, etc).
julla0
Qu’est-ce qui coute cher? Le personnel? Les communications? Autres?
ebottlaender
C’est essentiellement ça, le temps d’écoute des antennes du «&nbsp;Deep Space Network&nbsp;», les équipes qui mettent en forme et dispatchent les données, les scientifiques et ingénieurs qui planifient le trajet et traitent les données. Tout ça coûte plus de 50 millions de dollars par an.
julla0
Merci de la réponse
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