Alors que tous les yeux sont tournés vers les missions qui s'apprêtent à partir vers la planète rouge, le grand rover Curiosity continue son voyage. Depuis fin mai, il a entamé un périple qui va durer jusqu'à l'automne.
En route pour les sulfates !
Il roule, il roule…
Après bientôt huit ans et presque 23 kilomètres de route, le rover Curiosity continue d'examiner le sol du cratère de Gale, proche de l'équateur de Mars. Sur les contreforts du gigantesque Mont Sharp, il étudie le relief et la géologie de ce qui était autrefois un ensemble complexe de lacs, de berges, de rivières, et qui au fil du temps s'est asséché, au fur et à mesure que l'atmosphère de Mars disparaissait elle aussi, pour devenir le désert inhospitalier que l'on connait aujourd'hui.
Depuis son atterrissage sur le site « Yellowknife », il n'a cessé de visiter des régions différentes, au fur et à mesure qu'il gagnait de l'altitude (plus de 350 mètres de dénivelé aujourd'hui)… Tout en prélevant et en analysant un maximum d'échantillons sur son chemin grâce à sa petite foreuse et ses instruments embarqués. Plaine, cuvette, lit de rivière, berge, dune de sable, dépôts de sédiments, zone argileuse et rocheuse… Curiosity a coché toutes les cases de la liste réalisée par les chercheurs pour justifier le « terrain de jeu » du plus grand rover de la NASA, de son époque. Toutes ? Non. Il reste les sulfates…
Vous avez dit sulfates ?
Ce printemps, Curiosity était sur les pentes (escarpées) du pédiment Greenheugh, un plateau dont les bords se sont désagrégés sous l'action des vents et du sable au cours des 3 derniers milliards d'années.
Mais le rover de la NASA n'avait pas prévu d'y rester. Il est brièvement revenu en arrière pour en redescendre, avant de prendre cap à l'Est, pour un voyage d'environ 1,6 kilomètres.
Il existe en effet une région, que l'on espère riche en sulfates (sulfate-bearing unit, en anglais) qui fait partie des priorités scientifiques du programme et que Curiosity doit absolument examiner pour que sa mission soit un succès total… Et ce, même si après huit ans et déjà deux extensions de mission, elle a déjà eu un impact majeur sur notre façon d'envisager le passé de Mars.
L'important, c'est aussi le voyage !
Reste qu'un tel trajet n'est pas anodin pour le rover, qui navigue rarement plus de 50 à 70 mètres par jour (et qui reste en général au moins 48 heures sur un site pour pouvoir examiner les environs). On le sait, ses roues sont en mauvais état, même si leur usure ne devrait pas empêcher de mener à bien sa mission… Et les algorithmes utilisés par Curiosity lui permettent de choisir une partie de son parcours d'un point A à un point B pour éviter au maximum les obstacles.
L'idée est donc de l'emmener sur un trajet relativement bien défini, qui contourne une large région sablonneuse, tout en s'arrêtant régulièrement pour des observations scientifiques. Une grande « pause » de deux ou trois semaines n'est pas à exclure sur le chemin si d'aventure un site propice à un forage était identifié.
En juin, Curiosity a par exemple pris un peu de temps pour observer la colline Bloodstone, plus « brillante » que le reste du paysage qui l'entoure et qui était visible sur les tous premiers panoramas de la mission…
Source : Mars Daily