© Crédit : NASA
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Une étude, menée par l'Institut pour l'exploration de la Terre et de l'espace de la Western Science en collaboration avec l'Agence spatiale européenne (ESA) et publiée dans Astronomy & Astrophysics, donne de nouvelles informations sur Titan, le plus important satellite naturel de Saturne.

Grâce à l’utilisation d'un spectromètre cartographique à infrarouge, les chercheurs ont pu élargir leurs connaissances sur Titan, la plus célèbre lune de Saturne. Ils se sont appuyés sur des observations effectuées directement depuis la Terre mais également des données obtenues par la sonde spatiale Cassini, qui s’est par ailleurs « suicidée » en fonçant tout droit sur Saturne en 2017, 20 ans après son lancement.

Une croûte d’eau gelée recouverte de matière organique

On savait déjà que, sous l’atmosphère très dense et nuageuse de Titan, se cache un monde presque familier, parsemé de lacs et de rivières de méthane liquide… mais surtout de vastes plaines et dunes de sable s’étendant à perte de vue. Depuis plusieurs années, certains pensent que l’astre offrirait des conditions favorables à la vie souterraine. De fait, la croûte de Titan est composée de glace d’eau, laquelle est recouverte par du sable et des dépôts de matière organique formée dans l'atmosphère.

« C'est sauvage. Il n'y a pas d'autre endroit comme Titan dans le système solaire. Il y a plus de sable sur Titan que partout ailleurs » témoigne Catherine Neish, chercheuse à la Western Science en charge du projet Dragonfly de la NASA, lequel ambitionne d’envoyer un engin du même nom survoler la surface de Titan en 2027. Elle ajoute : « Et Titan a du temps. Ce n'est pas différent de la Terre de cette façon. C'est juste que les ingrédients sont tous mauvais. Il y a des pluies de méthane, des courants qui traversent la surface et du sable organique qui est emporté par le vent. Il est toujours très actif, tout comme il l'est ici sur Terre. »

L’étude dont il est question ici a toutefois mis en évidence qu’à certains endroits, cette glace d’eau est nettement plus exposée qu’on ne l’imaginait.

En pratique, sur Titan, comme rapporté plus haut, cette glace d’eau est essentiellement dissimulée par un dépôt de matière organique. C'est d’autant plus vrai dans les zones équatoriales de l’astre, sèches. Néanmoins, dans des endroits plus humides, comme les pôles, régulièrement arrosés par d’importantes pluies de méthane et balayés par des courants de surface, ainsi que dans les cratères dits « frais », ces facteurs érodent cette couche et exposent la glace d’eau.

Ces découvertes pourraient témoigner de l’existence d'anciens écosystèmes désormais gelés et de la présence d’eau liquide à une époque… En outre, vous l’imaginez, elles s’avéreront très utiles dans le cadre de la mission Dragonfly.

Chercher des traces de vie ailleurs que sur Mars

À ce sujet, Catherine Neish estime qu’il serait temps d’arrêter de se focaliser presque exclusivement sur la recherche d’éléments propices à la vie sur Mars et de regarder dans d’autres directions.

La scientifique précise sa pensée : « Je pense que de plus en plus, nous constatons une fausse équivalence entre la vie et Mars. Les récentes découvertes sur Vénus et toutes les nouvelles choses que nous apprenons sur ce monde océanique sont un autre facteur qui change la donne. En outre, […] dans notre recherche de la vie dans l'univers, nous devons vraiment nous concentrer sur beaucoup plus d'endroits, et pas seulement sur Mars. Et cela inclut l'envoi par la NASA de la mission Dragonfly sur Titan. »

Source : Astrobiology