Image composite de la mission Voyager 2, avec Triton (1er plan) et Neptune. Crédits NASA
Image composite de la mission Voyager 2, avec Triton (1er plan) et Neptune. Crédits NASA

Il reste environ un an avant que l'agence américaine ne se décide, mais plusieurs équipes scientifiques mettent en avant les avantages scientifiques de la mission Trident.

Ce deuxième survol de Neptune et Triton de l'histoire lèverait bien des mystères…

Triton en finale !

Finaliste dans la catégorie des projets « Discovery » de la NASA, le projet Trident n'a pas encore été approuvé. Les quatre projets peaufinent leurs propositions pour fournir le dossier le plus documenté possible, avant une sélection à la fin du printemps 2021, et les trois autres missions (deux à destination de Venus, une pour Io) n'ont pas l'intention de laisser passer l'opportunité. Toutefois, plusieurs voix s'élèvent déjà pour que la NASA choisisse cette mission dans le Système Solaire lointain, en raison de paramètres très favorables à l'envoi d'une sonde vers la planète Neptune.

Il y a d'abord un « créneau » pour utiliser l'assistance gravitationnelle de Jupiter et gagner une vitesse phénoménale afin de réduire le temps de trajet vers Neptune. Et ensuite, un compte à rebours un peu particulier : à cause de son orbite inclinée et de très longues saisons, une sonde aurait environ jusqu'à 2040 pour survoler Triton et tenter d'y apercevoir les geysers identifiés par Voyager 2 en 1989. Attendons plus longtemps, et ils seront dans l'ombre… Pendant un siècle.

Encore beaucoup à apprendre

Avec 1 353 kilomètres de diamètre, la plus imposante des lunes de Neptune présente de nombreuses interrogations scientifiques. Sur son origine, déjà : son orbite rétrograde (elle tourne « dans le mauvais sens ») et ses caractéristiques laissent supposer qu'elle a été capturée par Neptune… Mais il est aussi supposé qu'il y ait un océan liquide, à une grande profondeur sous son manteau de surface, or ce dernier n'a pu se former sans source d'énergie, donc des conditions « chaudes » ou un effet de marée. S'est-il formé en orbite de Neptune ? Qu'est-ce qui génère ces geysers ? Peut-on les revoir ? La surface de la planète a-t-elle évolué depuis 30 ans ? Quid de son ionosphère, plus active qu'espérée ?

Quelques unes des caractéristiques principales de Triton permettraient de mieux comprendre les lunes lointaines. Crédits NASA/JPL-Caltech
Quelques unes des caractéristiques principales de Triton permettraient de mieux comprendre les lunes lointaines. Crédits NASA/JPL-Caltech

Comprendre la dynamique de l'eau sur Triton, photographier les 40% de surface qui n'ont pas été observés à haute résolution par la mission Voyager 2 et comprendre la dynamique de sa surface (on estime qu'elle est bien plus jeune que la formation de la Lune) sont les trois objectifs majeurs de la mission. Trois buts scientifiques, trois pointes, la mission a donc pris le nom de Trident. La lune de Neptune est aussi trop éloignée de la Terre pour être étudiée en détail avec des télescopes conventionnels ou orbitaux.

Survol à long terme

Le dossier doit être finalisé dans les mois à venir. Chaque entreprise et laboratoire se place dans les « starting blocks », car si la mission reçoit le feu vert de la NASA l'année prochaine, le décollage devra avoir lieu en octobre 2025, ce qui est très court pour une mission chargée de survivre 13 ans avant d'approcher son objectif. En sachant qu'après ce long voyage, il ne lui restera évidemment pas suffisamment de carburant pour freiner et se mettre en orbite, c'est un survol sans retour qui est proposé avec Trident. 13 jours d'observation continue et un maximum de données emmagasinées dans la sonde, qui aura la lourde tâche de rapatrier de nouvelles images absolument hallucinantes vers la Terre.

L'attente sera longue, mais il faut imaginer une moisson scientifique encore plus poussée que celle de New Horizons sur Pluton… Si Trident est sélectionnée.

Source :

NASA