Image reconstituée du centre du cratère Occator, à partir de données spectroscopiques, altimétriques et images de la sonde Dawn. Crédits NASA/JPL-Caltech/UCLA/MPS/DLR/IDA
Image reconstituée du centre du cratère Occator, à partir de données spectroscopiques, altimétriques et images de la sonde Dawn. Crédits NASA/JPL-Caltech/UCLA/MPS/DLR/IDA

Étudiée en détail grâce à la mission Dawn jusqu'en 2018, la planète naine Ceres, située entre Mars et Jupiter, continue de livrer ses secrets. Dans une nouvelle série de publications, les équipes scientifiques révèlent la présence d'eau saumâtre et confirment l'hypothèse d'un océan souterrain.

On en saura beaucoup plus pour la prochaine visite…

Analyser Ceres après la mission

Même avant que la mission Dawn arrive à proximité de Ceres, son « point brillant » interrogeait la communauté scientifique. La petite sonde de la NASA, en cartographiant précisément cette planète naine de moins de 1000 km de diamètre, a montré qu'il s'agissait d'un dépôt de matière qui réfléchissait très bien la lumière, déposée au centre du cratère Occator (92 km de diamètre). En analysant les données des derniers survols, à seulement 35 kilomètres d'altitude, les équipes ont publié leurs résultats : il s'agirait ni plus ni moins de carbonates de sodium, autrement dit de dépôts salés générés par l'évaporation d'eau saumâtre.

Or, même si Occator est relativement ancien, une partie du processus d'évaporation/sublimation en son centre est très jeune, quelques centaines d'années tout au plus. Il y aurait donc en dessous un réservoir d'eau saumâtre, d'une quarantaine de kilomètres de profondeur et de centaines de kilomètres de large, qui « alimente » le centre du cratère comme une poche de magma alimente un volcan, à travers des fissures.

Les analyses vont continuer

Ces nouvelles analyses sont parues dans différents articles scientifiques publiés dans Nature Astronomy, Nature Geoscience et Nature Communications ce 10 août. « Dawn a accompli plus que ce que nous espérions lorsque l'expédition de la sonde a commencé », rappelle Marc Rayman, le responsable de la mission au laboratoire JPL. « Ces nouvelles découvertes issues de la fin de sa mission étendue sont un véritable tribut à ce petit explorateur interplanétaire. »

Il faut dire que cette découverte d'un phénomène géologique relativement actif à la surface était inattendue : il a fallu prouver que le dépôt brillant n'était pas très ancien, ou tout simplement dû à la collision qui a formé le cratère Occator il y a des millions d'années.

Véritable photo du cratère Occator, prise à une altitude de 1849 km par la sonde Dawn. Crédits NASA/JPL-Caltech
Véritable photo du cratère Occator, prise à une altitude de 1849 km par la sonde Dawn. Crédits NASA/JPL-Caltech

Un océan sous la croûte ?

Observer une activité sur la surface, ou dessous, est généralement une conséquence d'une action extérieure. Par exemple, les lunes de Jupiter ou de Saturne ont des activités liées à l'effet de marée. La Terre aussi, et en bonus, elle dispose d'un cœur de magma chaud. Ceres, quant à elle, était jusqu'ici vue comme un corps froid et gelé depuis des millions, voire des milliards d'années. Et elle n'a pas de lune. Pourtant, en déchiffrant d'autres données sur la surface collectées par la mission Dawn, les équipes ont trouvé d'autres indices de formations liées à un océan (ou du moins des nappes humides profondément sous la surface. Des observations confirmées dans le même temps par des mesures de gravité de la sonde. La piste principale est à présent celle d'un océan saumâtre, gelé et mélangé à des poussières et des boues au fur et à mesure que la profondeur augmente.

Il faudra être patients pour aller vérifier ces observations : Ceres ne fait pas partie des corps que la NASA compte visiter dans la décennie à venir…

Source : NASA