L'une des toutes premières images de Perseverance sur le sol martien © NASA/JPL-Caltech
L'une des toutes premières images de Perseverance sur le sol martien © NASA/JPL-Caltech

Les analyses depuis l'orbite ne se trompaient pas, le cratère Jezero a bel et bien abrité un lac de grande envergure, qu'une rivière alimentait il y a environ 3,6 milliards d'années. Une confirmation après les premiers mois de mission très encourageants, qui repose en grande partie sur l'instrument SuperCam.

Des résultats très attendus publiés dans Science !

Jezero, le point de départ adéquat

Les échanges avec les chercheurs laissaient peu de doute, mais cette fois, les résultats sont publiés ! C'est une équipe dirigée par le géologue Nicolas Mangold à Nantes qui a rédigé ce premier article de recherche sur les résultats de Perseverance, arrivé sur Mars le 18 février dernier. L'étude montre que le site d'atterrissage, à l'ouest du cratère Jezero, était bien, dans un lointain passé (estimé autour de 3,6 milliards d'années), le fond d'un ample lac de près de 35 kilomètres de diamètre et alimenté par une rivière via un delta.

Facile, pourrait-on penser, puisque c'est justement ces caractéristiques qui ont mené à la sélection de Jezero afin que la NASA y pose son rover à 2,5 milliards de dollars ! Sauf qu'il fallait encore en être sûrs, le confirmer, et pour ça, il fallait analyser les éléments sur place. En particulier grâce aux clichés pris via le mât optique du rover et ses instruments, les caméras avec zoom Mastcam-Z et la suite instrumentale franco-américaine SuperCam. Cette dernière a pris des clichés de couches sédimentaires à plus de 2 kilomètres de distance, avec une résolution de 10 cm ! Une réelle fierté pour les chercheurs français du CNES, du CNRS et des différents laboratoires impliqués pour analyser les résultats.

L'instrument SuperCam (partie française) en salle blanche avant son départ pour les États-Unis © CNES
L'instrument SuperCam (partie française) en salle blanche avant son départ pour les États-Unis © CNES

Perseverance au fond du lac

L'étude de ces clichés par les géologues et planétologues montre donc que les formations qui entourent le rover Perseverance sont typiques de celles des deltas sur Terre et permettent même d'estimer le niveau du lac qui recouvrait ou affleurait il y a très longtemps ces strates sédimentaires. C'est notamment la butte « Kodiak », observée quelques jours seulement après la mise en route et la validation des instruments, qui a servi de confirmation.

Et ce n'est pas tout, puisque l'étude des strates révèle des couches avec de gros galets et des blocs rocheux imposants, de plus d'un mètre de long ! Les chercheurs expliquent qu'il s'agit probablement de dépôts dus à de forts courants, comme lors d'une crue importante qui pourrait être liée à la fin de la période lacustre.

Perseverance à côté de son premier forage (pas très réussi) © NASA/JPL-Caltech

Le grand jeu de piste à la recherche des traces de vie

« C'est une excellente nouvelle pour l'exobiologie car, à l'image de ce qui se passe sur Terre, les deltas sont connus pour être des zones d'accumulation de matière détritique, de matière organique potentiellement d'origine biologique. Le site d'atterrissage choisi est donc idéal pour rechercher des traces de vie sur Mars. De plus, ces analyses fines et à longue distance du faciès des dépôts vont aider à optimiser les déplacements futurs du rover et à documenter le contexte sédimentaire des prochains prélèvements », explique Clément Mustin, responsable du programme d'exobiologie au CNES.

Car ne l'oublions pas, le trajet de Perseverance est important, puisque les équipes de recherche espèrent bien un jour découvrir sur Terre les échantillons prélevés par cette mission… qu'il faudra ramener depuis la surface de Mars. Les premières carottes de sol sont d'ores et déjà dans la caisse du rover aujourd'hui.

Source : Cnes