Faire chauffer des roches capables de conserver la chaleur et utiliser cette énergie à la demande ? C'est la promesse de la start-up Antora Energy, qui veut développer de façon durable les batteries thermiques.
Nombreuses sont les initiatives dont le but est de proposer des solutions favorisant la transition écologique. Les énergies renouvelables fonctionnent, mais leur rendement ainsi que le stockage de l'énergie restent des soucis à régler.
Pour beaucoup, la transition passera par des solutions complémentaires, qui permettront de limiter l'utilisation des énergies fossiles, tout en progressant sur le rendement, les nouvelles technologies, et le stockage des nouvelles énergies.
Stocker les énergies renouvelables, un enjeu majeur
On le sait, les énergies fossiles ne sont pas illimitées. Dans certains cas, elles sont extrêmement polluantes et contribuent au dérèglement climatique. Dans d'autres cas, comme celui de l'uranium ou du lithium, le rendement et la facilité d'accès sont contrebalancés par des conditions d'extraction problématiques. Voilà plusieurs décennies qu'on utilise l'énergie du vent et du Soleil, mais un problème demeure : le vent n'est jamais constant, et le soleil ne brille nulle part 24 heures sur 24, 365 jours par an.
Ce faisant, le rendement est limité, et c'est là qu'intervient le problème du stockage. À défaut de pouvoir produire tout le temps, il faudrait pouvoir stocker l'énergie quand elle est produite pour ensuite l'utiliser au moment opportun. C'est sur cette idée que se base Antora Energy, qui est en train de mettre au point des batteries thermiques constituées de roches portées à très hautes températures.
Le prototype présenté par Antora prend la forme d'un conteneur extrêmement bien isolé, de la taille d'une petite cabane, dans lequel on trouve des briques de graphite, la forme cristallisée stable du carbone. Ces briques, capables d'emmagasiner beaucoup d'énergie, sont portées à 1600 °C grâce à l'énergie solaire. La déperdition est faible, ce qui permet d'utiliser l'énergie lorsque le Soleil ne brille plus. Autrement dit, le concept est celui d'un four, capable de produire directement de l'énergie électrique à l'aide de cellules thermophotovoltaïques, ou de chauffer de l'eau pour générer de la vapeur et alimenter une turbine.
Un complément pour aider les industries
De nombreuses start-up et de multiples unités de recherche travaillent sur les batteries thermiques, souvent en opposition aux batteries chimiques, très efficaces, mais non renouvelables (à moins que…) et causant de lourds dommages à l'environnement. Pour Antora et son concept, l'idée est d'abord d'aider les grands sites industriels, totalement dépendants des énergies fossiles ou du nucléaire et devant souvent fonctionner en permanence.
Ces batteries thermiques viendraient limiter l'utilisation des énergies non renouvelables, en attendant de pouvoir les décarboner. D'après Antora, le cycle de production peut être réalisé 24 fois par jour pendant 30 ans. À l'heure actuelle, Antora Energy a levé plus de 80 millions de dollars de capital pour amorcer son travail, notamment auprès de Bill Gates.
Cependant, la lutte est rude. Le principal concurrent se nomme Rondo, et ce dernier utilise des matériaux encore moins chers, produit déjà de l'énergie et a obtenu encore plus de financements. La bataille à l'innovation écologique est rude, et elle est loin d'être terminée.
Source : CNN / TechnologyReview