La nouvelle peut prêter à sourire, mais elle est bien réelle. Les eaux usées de la distillation de whisky pourraient être utilisées afin de produire de l'hydrogène vert.
Qui d'autre que les Écossais aurait pu trouver cette formidable idée ? C'est une équipe de chercheurs de l'Université Heriot-Watt à Édimbourg qui se sont penchés sur cette possibilité. Alors que la Chine devient reine dans la production d'hydrogène vert, il est bon de voir l'Écosse plancher sur des nouvelles solutions pour économiser l'eau dans la production d'énergie propre. Entre la Bretagne qui a inauguré son immense site de production d'hydrogène, et la Caledonia qui se penche désormais sur la question, preuve que les Celtes ont peut-être leur pierre à apporter dans cette nouvelle ruée vers l'or.
Une solution innovante et écologique
L'Écosse produit environ 700 millions de litres de whisky par an. Une industrie importante, qui génère approximativement un million de litres d'eaux usées annuellement. Pour le moment, ces eaux terminent dans des stations d'épuration avant d'être relâchées dans la nature. C'est écologique, mais c'est une ressource potentiellement gaspillée alors qu'elle pourrait être utilisée à des fins plus nobles.
Parallèlement à ce constat, on estime que la production mondiale d'hydrogène vert consomme 20,5 milliards de litres d'eau douce chaque année, soit l'équivalent de 8 200 000 piscines olympiques. Sudhagar Pitchaimuthu est spécialiste des matériaux à l'Université Heriot-Watt. Il explique : « il faut 9 kg d'eau pour en produire un d'hydrogène vert. Pendant ce temps, chaque litre de whisky produit crée environ 10 litres de résidus. Pour contribuer à protéger la planète, nous devons réduire notre utilisation d’eau douce et d’autres ressources naturelles ». L'équipe dirigée par Pitchaimuthu a donc choisi d'explorer l'utilisation des eaux usées issues des distilleries comme alternative à l'eau douce.
Le secret au cœur de cette innovation : la nanotechnologie
Dans la science des matériaux, la nanotechnologie est une merveilleuse alliée ; la mise au point du carbure de silicium amorphe en est une preuve très récente. La recherche menée par Pitchaimuthu et son équipe a permis de développer un nouveau matériau : le séléniure de nickel. Nous sommes ici à l'échelle de l'infiniment petit, du nanométrique. Ce dernier permet le traitement des eaux usées des distilleries pour les transformer en hydrogène. Son rendement serait de plus légèrement supérieur à celui de l'eau douce classique.
Leurs résultats ont été publiés dans un article édité dans la revue Sustainable Energy & Fuels de la Royal Society of Chemistry. Etape suivante : concevoir un électrolyseur expérimental et intensifier la production de séléniure de nickel. Comme quoi, même les industries les plus traditionnelles peuvent être mises au service des innovations les plus avancées. À votre santé, ou slàinte mhath, comme cela se dit en gaélique lorsque l'on porte un toast !
Sources : H2 Mobile, Sustainable Energy & Fuels