L’avenir de ChatGPT n’est pas exactement tout rose en Europe © Vitor Miranda / Shutterstock.com
L’avenir de ChatGPT n’est pas exactement tout rose en Europe © Vitor Miranda / Shutterstock.com

ChatGPT serait en train de se faire rattraper par Bruxelles. De l’autre côté, des Alpes, le gendarme des données personnelles a déposé une plainte formelle contre le robot conversationnel.

Peut-on créer le chatbot le plus élaboré du monde sans absorber quelques données personnelles ? Si l’on en croit les déboires que connaît ChatGPT en Italie, la réponse est non. La GPDP, la CNIL transalpine, a officiellement reproché à OpenAI des manquements au RGPD qui pourrait coûter cher à l’entreprise.

ChatGPT, trop gourmand en données personnelles

Cette mise en garde arrive après un premier blocage généralisé du service fin mars 2023 et l'ouverture d'une enquête en France. Et si l'autorité ne précise pas publiquement ce qui est reproché à ChatGPT, entre les lignes, on comprend bien que c’est l’appétit insatiable du robot pour les données, souvent personnelles, qui fait grincer des dents.

L’entraînement intensif de ChatGPT sur les milliards de textes, images et autres vidéos disponibles sur le web aurait irrémédiablement permis à la machine d’absorber des données personnelles appartenant aux internautes du vieux continent.

Rappelons que, selon la CNIL (la nôtre cette fois), les noms, prénoms, pseudonymes, dates de naissances, photos, enregistrements sonores de voix, numéros de téléphone fixes ou portables, ainsi que les adresses postales et adresses email constituent des données personnelles. La probabilité que le robot d’OpenAI ait, durant sa phase d’apprentissage, ingéré des données comme celle-là sur les utilisatrices et utilisateurs européens est donc grande.

Des bases légales bancales

Sauf que, comme le précisait le gendarme des données italien en mars dernier, cela s’est fait en « l’absence de base juridique adaptée » et donc, en violation manifeste du RGPD. Les efforts faits par l’entreprise l’année dernière ne semblent donc pas avoir suffi puisque La GPDP estime qu’OpenAI aurait contrevenu à 5 articles du texte (le 5, le 6, le 8, le 13 et le 25). L’autorité a donné 30 jours à l’entreprise pour apporter une réponse et le détail d’un plan de mise en conformité.

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Malheureusement, cela s’annonce compliqué. Les bases légales sur lesquels peut s’appuyer OpenAI se limite au consentement préalable (inenvisageable, vu la quantité de données ingérée) et à « l’intérêt légitime ». Si cette deuxième voie peut paraître viable, elle comporte ses propres difficultés. Même en se basant là-dessus, OpenAI devrait offrir la possibilité pour n’importe quel internaute de demander la suppression des données récoltées sur sa personne. Un travail complexe vu le nombre de citoyennes et citoyens européens potentiellement concernés et le volume de données (pas toujours bien identifiées) absorbé par ChatGPT.

L'avenir de ChatGPT menacé ?

Et c’est sans même compter sur la voix de la Cour européenne de Justice qui a déjà statué, lors d’une affaire concernant Facebook, que le traitement intensif de données personnelles dans le but de servir de la publicité ciblée ne relevait justement pas de « l’intérêt légitime ». Si le but de ChatGPT est un peu différent de celui de Facebook, construire une immense machine commerciale sur des pétaoctets de données personnelles semble généralement mal vu par les autorités bruxelloises.

Techniquement donc, la mise en conformité de ChatGPT aux lois européennes s’annonce complexe. Et si OpenAI ne fait pas un effort, la plainte italienne pourrait faire boule de neige sur tout le vieux continent et mener à de très grosses amendes, ou même à la suspension du service en Europe. L’avenir de ChatGPT sur le continent dépend donc d’une complexe bataille judiciaire.

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  • Générer, traduire et obtenir un résumé de texte
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Source : GPDP via Techchrunch