WhatsApp va devenir interopérable avec d’autres services de messagerie © AdemAY / Shutterstock
WhatsApp va devenir interopérable avec d’autres services de messagerie © AdemAY / Shutterstock

WhatsApp pourra bientôt accueillir vos discussions venant d’autres services de messagerie. Comme prévu par la législation européenne, l’app va s’ouvrir à la concurrence, mais pas sans peine.

C’était une des règles inscrites dans le Digital Markets Act et cela va bientôt devenir une réalité. Les utilisateurs et utilisatrices de WhatsApp pourront bientôt utiliser l’app au logo vert pour discuter avec des contacts présents sur d’autres services de messagerie comme Signal, Messenger, Telegram ou d’autres. Enfin, sur le principe, car l’ouverture à la concurrence imposée par Bruxelles pose de nombreux défis techniques.

Bientôt une « boite de réception alternative » dans WhatsApp

Dans un long entretien avec le journal Wired, Dick Brouwer (responsable de l’ingénierie chez WhatsApp) détaille la manière dont son service va accueillir les messages venant de plateformes concurrentes et devenir interopérable. Tout d’abord, chaque utilisateur et utilisatrice sera confronté à un pop-up lui demandant s’il ou elle souhaite ouvrir WhatsApp à la réception de messages venant de services tiers.

Si la réponse est oui, alors une section dédiée apparaîtra en haut de leur liste de message. Cette « boite de réception alternative », déjà aperçue dans le code source de l’application, devrait donc concentrer tous les messages venant d’applis concurrentes. Dick Brouwer précise tout de même que ce système « ne permet pas d’offrir le même niveau de sécurité et de protection de la vie privée » que celui offert en natif par l’application. Chaque internaute sera donc responsable de ce qui transite par l’application.

Ce problème technique réside dans le fait qu’il est difficile de proposer des systèmes de communication chiffrée interopérable, tant chaque application ou presque utilise son propre mécanisme d’obfuscation des données. WhatsApp n’utilise pas le même protocole qu’iMessage ou Telegram par exemple. Ce qui rend le chiffrement de chaque conversation compliqué à implémenter au sein d’une même app. En revanche, WhatsApp utilise, et même conseille, le protocole de chiffrement Signal, inventé et maintenu par l’application de messagerie du même nom.

Des défis techniques importants

Cela ne veut pas dire pour autant que Signal ou d’autres applications très à cheval sur la protection des données vont soudainement se mettre à fonctionner magiquement avec WhatsApp. Chaque entreprise devra faire du travail d’ingénierie de son côté pour se connecter aux serveurs de WhatsApp. Et pour le moment, les candidats ne se bousculent pas au portillon.

Julia Weis, une porte-parole pour l’application suisse Threema, explique par exemple à Wired que WhatsApp et Threema utilisent des identifiants différents pour reconnaître les interlocuteurs et interlocutrices. WhatsApp se repose sur le numéro de téléphone et Threema sur un code unique à 8 chiffres. Faire cohabiter les deux sans porter atteinte aux mécanismes de protection de la vie privée risque d’être un challenge.

D’autres inquiétudes quant à l’approche philosophique qui sous-tend le développement de WhatsApp se font aussi entendre. L’application n’étant pas open source, difficile de savoir exactement ce que fait le service des données qu’il reçoit. Même du côté de WhatsApp, ce pas vers l’interopérabilité se fait avec inquiétude. Selon Dick Brouwer « il est plus difficile de faire évoluer un réseau ouvert » et chaque changement dans le code est susceptible « de créer une cascade inattendue de problèmes concernant la vie privée et la sécurité des données. »

Pour résumer donc, WhatsApp va tenter d’évoluer très lentement pour devenir une « super-app » de messagerie, mais la réussite de ce projet tient à son adoption par la concurrence et aux degrés de sécurité que chaque intermédiaire est capable d’offrir. Pas simple en somme.

WhatsApp
  • Chiffrement de bout en bout.
  • Appels audio et vidéo gratuits.
  • Compatibilité multiplateforme.
9 / 10

Source : Wired