Un russe du nom d'Aleksandr Zhadan a entamé la discussion avec plus de 5 000 femmes sur Tinder sur une période d'un an. Néanmoins, ce n'était pas lui qui discutait réellement, mais son ersatz numérique, assisté par ChatGPT.
L'an dernier, l'application Tinder a ouvert la chasse aux personnes faisant leur promotion pour leurs réseaux sociaux personnels. En revanche, il n'existe pour le moment encore aucun garde-fou empêchant d'utiliser l'IA pour échanger avec d'autres personnes. Une faille que ce moscovite a réussi à exploiter, puisqu'il a échangé avec pas moins de 5 329 femmes pendant un an sur la célèbre application de rencontres. Pour cela, il s'est créé son propre assistant intelligent, alimenté grâce à ChatGPT, pour assister ses conversations numériques.
Recherche assistée et fiançailles algorithmiques
À la suite d'une rupture en 2021, Aleksandr a choisi de s'inscrire sur Tinder et de rejoindre ainsi les 75 millions d'utilisateurs de l'application. Après des débuts pas réellement convaincants, où celui-ci n'a pas réussi à obtenir de rendez-vous, une idée « fabuleuse » lui a traversé l'esprit. Il a décidé de se servir du modèle GPT-2 d'Open AI pour entièrement automatiser ses interactions.
Premièrement, il a personnalisé son outil afin que celui-ci agisse comme un filtre de ses préférences personnelles et que l'application puisse lui proposer des personnes en adéquation avec ses goûts. Comme on le sait tous, ChatGPT est capable de générer du texte plus ou moins cohérent, Aleksandr a fait en sorte qu'il puisse également tenir des conversations avec les utilisatrices de l'application. Malgré quelques bugs, c'est grâce à ce subterfuge que celui-ci est parvenu à entamer la conversation avec ces quelques milliers de femmes et à obtenir une centaine de rendez-vous réels.
Une stratégie largement discutable, mais qui lui a permis de rencontrer Karina Vyalshakaeva en décembre 2022. Les deux amoureux sont désormais fiancés.
L'amour scripté dans un monde sur-connecté
Le plus fou dans cette histoire, c'est qu'Aleksandr a choisi de laisser discuter ChatGPT à sa place pendant plusieurs mois avant de rencontrer Karina. Lorsqu'elle a découvert le pot-aux-roses, celle-ci s'est simplement estimée « choquée », mais cela ne l'a pas pour autant mise en colère. De son point de vue, les échanges qu'elle entretenait avec l'IA étaient assez fidèles à la personnalité d'Aleksandr. Ce dernier a tout de même pris le relais de la conversation au bout d'un certain temps.
Plus qu'une quête amoureuse numérique singulière, cette étrange histoire montre à quel point un modèle d'IA relativement basique peut troubler la fine frontière séparant l'homme de la machine. Nous sommes déjà arrivés au stade où la moindre émotion peut être simulée par une simple ligne de code. L'amour restera-t-il à jamais une affaire de cœur ? Peut-être devrions-nous considérer qu'il ne devienne qu'un artefact de plus dans notre collection déjà bien large d'illusions numérisées.
Sources : Trust My Science, Gizmodo