L'IA s'immisce dans presque tous les aspects de notre vie quotidienne. Et même, grâce à une nouvelle application, lorsqu'il s'agit de trouver l'âme sœur.
Tinder, Bumble, Grindr, Fruitz… Non, il ne s'agit pas de noms de cocktails à la mode, mais bien d'un échantillon de la myriade d'applications de rencontre qui ont proliféré depuis le début du siècle.
De nombreuses personnes les utilisent pour faire connaissance avec des inconnus et, pourquoi pas, trouver l'âme sœur. Mais, force est de constater que les premiers échanges ne sont pas toujours faciles, et l'IA semble toute désignée pour faciliter le travail. Tout ce qu'il faut, c'est un peu d'humour…
Speed dating 2.0
Vous souvenez-vous de l'épisode de la série Black Mirror intitulé Pendez le DJ ? On y découvre une application qui simule les interactions entre les utilisateurs afin de prédire leur compatibilité amoureuse. Si on peut y voir une vision romancée du fonctionnement des algorithmes de Tinder ou Meetic, notre application du jour s'en rapproche davantage.
Volar est un service de rencontre un peu différent de la concurrence. Au lieu d'obtenir nos informations et nos préférences avec un formulaire, il nous pose des questions à l'aide d'un chatbot analogue à ChatGPT. Grâce à cette conversation et aux données qu'elle a pu glaner, l'IA est en mesure de créer un bot qui va imiter du mieux possible notre style de conversation et nos centres d'intérêt.
Cette copie numérique part ensuite à la rencontre de celles d'autres utilisateurs. Une série de messages est alors échangée entre les chatbots, comme sur d'autres applications de rencontre, leur permettant d'en savoir plus sur leurs homologues humains. Ces derniers peuvent enfin lire ces discussions et, s'ils sont convaincus ou intrigués, lancer une conversation entre représentants du genre humain.
Des intermédiaires qui n'ont pas vocation à nous remplacer
Si le concept peut prêter à sourire, il répond en réalité à un problème observé chez les utilisateurs d'applications de rencontre. Comme le soulignent nos confrères de WIRED : « Une étude réalisée en 2022 a révélé que près de 80 % des personnes de différentes tranches d'âge se sentaient épuisées ou fatiguées émotionnellement lorsqu'elles utilisaient » ce type de service. Après plus d'une décennie de swipe à gauche et à droite, Tinder et consorts ne semblent plus rendre les rencontres aussi agréables qu'avant, et les premiers échanges entre personnes mises en relation pourraient en être l'une des raisons.
C'est en tout cas ce qu'affirme Ben Chiang, créateur de Volar et ancien directeur de produit pour My AI de Snapchat, que nous avons pu tester l'année dernière. Selon lui, briser la glace s'avère souvent « très douloureux », et c'est précisément là que l'IA peut avoir un vrai rôle à jouer. Il précise toutefois qu'elle ne peut agir que comme un catalyseur : « Elle n'est pas censée remplacer l'être humain ». Avant d'ajouter : « C'est toujours à vous de décider si vous établissez une connexion ou non ».
Chiang assure en outre que Volar, bien que propulsé par des IA qui ont besoin de données pour progresser, n'utilise pas les données des utilisateurs pour cela. Les échanges sont chiffrés et ne serviraient qu'à entraîner les chatbots à reproduire le comportement des humains.
Le ridicule ne tue pas
WIRED a pu tester le service, et ses résultats semblent pour le moins… intéressants. Lors d'un échange avec le chatbot d'un autre utilisateur, celui du journaliste a entamé la conversation en demandant : « Si vous aviez un animal de compagnie et qu'il avait accidentellement lâché une bombe atomique, comment aurait-il fait ? ». Cette question est assez surprenante, d'autant que Volar n'a jamais posé de questions sur le thème du nucléaire au moment de l'inscription.
Interrogé à ce sujet, Chiang a expliqué que les conversations sont modérées pour éviter les sujets inappropriés. Cependant, il souligne que l'interaction observée par le média est « à la frontière de l'idiot et de l’inapproprié ». Ce n'est pas tout à fait surprenant, cependant, étant donné que les réponses de programmes comme ChatGPT peuvent parfois s'avérer burlesques. Mais, après tout, n'a-t-on pas besoin d'un peu de rire pour briser la glace ?
Si nous avons dû nous contenter de l'expérience de WIRED sans pouvoir tester Volar nous-mêmes, c'est parce que le service n'est pour l'instant disponible qu'aux États-Unis, sur le web et sur iOS. En attendant qu'il s'exporte un peu, vous pourrez toujours essayer des méthodes plus originales pour trouver l'amour. Après tout, ça a bien marché pour certains utilisateurs de Waze.
Source : WIRED