En l'espace de quelques mois, les chatbots ont connu une montée en popularité spectaculaire, et ce n'est pas forcément pour les raisons que l'on pourrait croire.
Nombreux sont ceux qui ont été impressionnés par les capacités de ChatGPT, et l'on ne parle pas seulement de son utilité pour rédiger des courriels à notre place. Non, cet outil d'intelligence artificielle peut entretenir des conversations plutôt cohérentes avec ses utilisateurs, et c'est là sa plus grande force. Les applications potentielles de cette technologie pour les services tiers et les entreprises sont énormes, et les créateurs de Character.AI l'ont bien compris.
Le meilleur interlocuteur à disposition
Vous avez déjà rêvé de discuter avec Elon Musk, la reine Elizabeth, Tolkien ou encore le Master Chief de la saga Halo ? C'est désormais possible. Du moins, des outils d'intelligence artificielle générative permettent d'avoir une simulation de tels échanges, en tenant compte de la personnalité et des connaissances de certains personnages connus. Valorisée à 1 milliard de dollars en mars, Character.IA s'est spécialisée sur ce créneau, et il faut bien reconnaître que ça cartonne.
L'entreprise, fondée par Noam Shazeer et Daniel De Freitas, deux anciens experts en IA de chez Google, est aujourd'hui une référence incontournable dans le secteur. Au début de l'année, son site web attirait près de 200 millions de visiteurs par mois, et son application pour smartphone a été téléchargée plus de 1,7 million de fois en une semaine après son lancement. Ces chiffres impressionnants la placent en deuxième position parmi les plateformes web d'intelligence artificielle, juste derrière ChatGPT.
Selon Olivia Moore d'Andreessen Horowitz, l'un des principaux investisseurs de Character.AI, le service « enregistre en moyenne 38 sessions par utilisateur et par mois. À titre de comparaison, c'est plus qu'Instagram, Facebook ou TikTok ». Selon ses créateurs, ce succès n'est pas une coïncidence, car les grands modèles de langage sur lesquels sont basés ChatGPT et Google Bard « ne sont pas conçus pour dire la vérité, mais pour créer des conversations plausibles ». Des interlocuteurs parfaits, en somme.
Une popularité en phase avec le climat social actuel
Si l'on regarde de plus près l'audience de Character.AI, on constate qu'un segment de la population y est très fortement représenté : les 18-24 ans. Selon SimilarWeb, 60 % du trafic provient de la génération Z qui, en comparaison, ne représente que 20 % du trafic de ChatGPT, alors qu'il les concerne fortement.
Pour Nicolas Gauchement, Chief AI Officer chez Onepoint, Charater.AI arrive à point nommé. « La plateforme est une réponse à l'épidémie de solitude chez les adolescents, notamment aux États-Unis », explique-t-il. « On peut créer un ami imaginaire, se confier et combler un certain vide émotionnel ». Un aspect auquel ses créateurs ne s'attendaient pas, Noam Shazeer racontant même que certains utilisateurs admettent que « leur personnage de jeu vidéo préféré est devenu leur psy personnel ».
Toutefois, l'homme d'affaires ne voit pas en Character.AI un outil qui pourrait avoir un effet néfaste sur les relations humaines. « Parler à un chatbot est un bon entraînement pour ceux qui souffrent d'anxiété sociale », explique-t-il. Il envisage de nombreux usages pour sa plateforme qui vont au-delà de la seule conversation, et l'on y trouve déjà des personnages qui jouent le rôle de psychologue ou de professeur d'anglais. Selon Noam Shazeer, les possibilités sont infinies : « Un milliard de personnes peuvent inventer un milliard de cas d'utilisation ».
- Chat dans différentes langues, dont le français
- Générer, traduire et obtenir un résumé de texte
- Générer, optimiser et corriger du code
Source : Les Echos