Découvrir que la gestion des pièces détachées de voitures à plusieurs millions de dollars dépendait d'une feuille Excel a fait tomber de l'armoire le nouveau chef de l'écurie de F1 Williams.
S'il est bien un secteur qui ne souffre d'aucun retard technologique, c'est bien celui de la Formule 1. Alors, lorsque l'on découvre qu'Excel, le célèbre logiciel de tableur, est encore utilisé pour gérer des milliers de composants de voiture, cela a effectivement de quoi surprendre. En tout cas, ça n'a pas l'air d'être au goût du nouveau chef, James Vowles, et de son directeur technique, Pat Fry.
Les deux hommes, à la tête de la prestigieuse écurie Williams, ont en effet récemment pris connaissance de cette pratique qui a non seulement entravé l'efficacité de l'équipe, mais a également rendu la transition vers des systèmes de suivi plus modernes et coûteux encore plus délicate.
30 novembre 2023 à 10h52
Une découverte déconcertante
L'arrivée de James Vowles en tant que directeur de l'équipe Williams a été le catalyseur d'un changement radical. Il a rapidement identifié que l'équipe était à la traîne en matière de technologie, en particulier avec sa dépendance à Excel pour gérer environ 20 000 pièces détachées pour un seul véhicule. Ce fichier Excel, qu'il a qualifié de « blague », manquait cruellement d'informations essentielles telles que le coût, le temps de production et le statut des commandes, empêchant de donner la priorité à une tâche mécanique et technique plutôt qu'une autre ou se concentrer sur un véhicule en particulier.
« Lorsque vous commencez à suivre des centaines de milliers de composants en mouvement dans votre organisation, une feuille de calcul Excel est inutile », a-t-il déclaré au site spécialisé en Formule 1, The Race. En raison des multiples états dans lesquels chaque pièce peut se trouver (commandée, en rupture de stock, inspectée, retournée), les humains doivent souvent régler les détails. « Et une fois que vous commencez à intégrer ce niveau de complexité, là où se trouve la Formule 1 moderne, la feuille de calcul Excel s'effondre et les humains tombent. Et c'est exactement là où nous en sommes », a-t-il conclu.
Les conséquences de cette gestion désorganisée sont multiples : des pièces perdues dans l'usine, des priorités mal attribuées et des retards dans la production. La situation était si critique que Williams a manqué les premiers tests de pré-saison en 2019. Mais bien que la modernisation du système soit plus que nécessaire, le coût et les efforts requis pour effectuer une telle transition ne semblent pas être supportables par les hommes et la structure même de l'écurie.
La coûteuse et douloureuse, mais nécessaire transition vers la modernisation
La transition vers un système de suivi moderne est donc inévitable pour Williams. Pat Fry, le directeur technique, a souligné l'extrême coût de cette modernisation. Malgré cela, l'investissement dans de nouveaux processus et systèmes est essentiel pour rester compétitif dans le sport de la Formule 1, où la technologie et la précision sont primordiales.
L'histoire de Williams n'est pas isolée dans le monde de la Formule 1. D'autres équipes ont également lutté avec des systèmes désuets. Lorsque Sebastian Anthony a été intégré à l'équipe Renault, il a constaté que la feuille de calcul Excel de conception et de construction de Renault Sport Formula One comptait 77 000 lignes, soit trois fois plus que la configuration de Williams, ce qui a provoqué une révolution interne en 2023.
Mais la tendance est clairement à l'adoption de solutions basées sur le cloud et d'outils de gestion intégrés. Ces nouvelles approches promettent une gestion plus efficace et une réduction des erreurs humaines, ouvrant la voie à une ère de haute performance et d'innovation. Comme l'affirme James Vowles, « Pourrions-nous être plus performants si nous étions plus structurés, organisés et si tout était livré plus tôt ? Absolument ».
Mais rien ne changera en profondeur chez Williams tant que les hommes ne seront pas prêts à suivre cette transition technologique. S'il est certain que de meilleurs processus amélioreront la gestion du système et in fine, les performances des véhicules de l'écurie, les deux hommes savent que c'est un passage inconfortable pour certains anciens techniciens, mais avant tout, destiné à améliorer leurs conditions de travail.
Source : Ars Technica, The Race
- L'un des meilleurs logiciels de tableur.
- Compatibilité multiplateforme pour un meilleur travail collaboratif.
- Fait partie intégrante de la Suite Microsoft Office.