L'État a amorcé une nouvelle ère dans sa dissuasion nucléaire. Elle a lancé, mercredi, la construction du premier sous-marin nucléaire d'engins de 3ème génération, bijou de technologie.
Le délégué général pour l'armement, Emmanuel Chiva, était présent mercredi 20 mars 2024 à Cherbourg pour lancer la construction du premier « SNLE 3G », autrement dit le premier sous-marin nucléaire lanceur d'engins de 3ème génération. Le programme est supervisé par la Direction générale de l'armement (DGA), dont l'objectif est de remplacer les actuels SNLE, afin d'assurer la continuité de la posture de dissuasion de la force océanique stratégique (FOST), plus que nécessaire en cette période trouble. Mais que se cache-t-il derrière ce sous-marin ?
Plus de 100 marins pourront vivre à bord du sous-marin pendant 3 mois
Le SNLE est l'un des « objets » technologiques les plus complexes au monde. Il est à la fois un navire de combat autonome, une chaufferie nucléaire et une plateforme de lancement de fusées. Vous vous en doutez, la construction d'un tel sous-marin nécessite un savoir-faire rare sur le plan industriel et technologique, qui mobilise des centaines d'entreprises et des milliers d'emplois hautement qualifiés, partout en France.
La maitrise d'ouvrage du programme SNLE 3G est assurée par la DGA. Elle le fait en collaboration avec le CEA, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, pour ce qui est de la partie sur la propulsion nucléaire. Quant à maîtrise d'oeuvre d'ensemble de la fabrication des sous-marins, elle est menée par Naval Group. Le fleuron français du savoir-faire naval travaille en cotraitance avec TechnicAtome, qui construit les chaufferies nucléaires.
Les SNLE 3G bénéficieront d'avancées technologiques majeures, qui renforceront leur discrétion acoustique et leur furtivité et s'adapteront à l'évolution des menaces pour les 50 prochaines années. Il sera capable d'embarquer 100 marins, qui pourront y vivre en complète autonomie pendant près de trois mois.
Le sous-marin SNLE 3G, un concentré de technologies
Le sous-marin embarquera diverses hautes technologie de communication, d'autodéfense et de détection. Il permettra d'assurer le lancement du missile intercontinental M51, dont la version 3 est capable d'embarquer une dizaine de têtes nucléaires, avec une portée de 10 000 kilomètres et une puissance 1 000 fois supérieure à celle de la bombe lancée sur Horishima par les États-Unis en août 1945.
En outre, le ministère des Armées explique que la construction du sous-marin de nouvelle génération nécessite des centaines de kilomètres de câbles et de circuits. Plus de 100 000 appareils seront intégrés au navire.
Le programme représente en tout cas un investissement majeur de l'État, qui irrigue le tissu industriel français et assure sa sécurité nationale. L'initiative s'inscrit dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030, avec pour objectif de garantir la sécurité et la souveraineté de la France pour les décennies à venir.