Pour éviter un procès pour abus de position dominante, Microsoft a décidé de retirer Teams de sa suite Office. Un pas de plus dans cette direction, puisque c'était déjà le cas pour la Suisse et l'Union européenne.
Pour pouvoir utiliser Teams, il faudra désormais le vouloir. Et le payer. Le service de visio, ajouté gratuitement à la suite Office en 2017, était dans le viseur de ses concurrents depuis plusieurs années, qui le considéraient comme un avantage déloyal.
Microsoft, qui a connu (et perdu) son lot de procès en la matière au cours des dernières années, tente donc de sauver les meubles à l'échelle mondiale ici, après l'avoir fait en Europe il y a quelques mois. Mais pas sûr que cela suffise.
Éviter un procès antitrust, un de plus
Les procès pour concurrence déloyale et abus de position dominante sont désormais monnaie courante pour les géants de la tech. Microsoft en sait quelque chose, n'y ayant pas vraiment échappé ces 10 dernières années, principalement en Europe, mais plus généralement à l'échelle mondiale. Alors, l'entreprise a décidé ce 1er avril de sortir son outil de vidéoconférence, Microsoft Teams, de sa suite Office. Teams avait fait son apparition dans le pack à partir de 2017, mais c'est pendant la pandémie que le service a connu un bond en popularité. C'est autour de cette période également que des services concurrents ont commencé à critiquer la pratique, considérant que cela lui donnait un avantage injuste.
C'est Salesforce qui a dégainé le premier, en déposant une plainte à partir de 2020 auprès de l'UE. Après avoir lâché du lest en Europe, Microsoft a cette fois séparé les produits à l'international. Un porte-parole de l'entreprise a ainsi déclaré : « Pour plus de clarté auprès de nos clients, nous étendons les mesures que nous avons prises l'année dernière pour séparer M365 et 0365 en Europe et en Suisse à l'échelle mondiale. »
Microsoft ne prend pas trop de risque
Microsoft a d'autant plus intérêt à prendre les devants avant que la justice de son pays ne lui impose un tel choix (et probablement des amendes qui vont avec) que Microsoft Teams a déjà atteint un statut quasiment incontournable. En effet, l'Union européenne avait déjà imposé à l'entreprise dès octobre dernier de séparer Teams de sa suite Office, et cette dernière s'était exécutée. Depuis, ce changement n'a eu quasiment aucun effet sur le taux d'utilisation de l'outil de vidéoconférence sur le Vieux Continent.
Malgré ses efforts, Microsoft n'échappera probablement pas à un passage devant un tribunal européen pour abus de position dominante. Car si Teams ne fait plus partie de la suite et doit faire l'objet d'un abonnement séparé, le niveau d'interconnexion avec les produits de Microsoft Office constitue une concurrence déloyale selon certains services rivaux. Au minimum, la firme de Redmond montre ainsi sa bonne volonté aux régulateurs européens. L'entreprise a déboursé pas moins de 2,2 milliards d'euros au cours des 10 dernières années en amendes pour abus de position dominante dans la seule Union européenne.
- Qualité des appels, audio comme vidéo
- Fonctions de messagerie
- Version gratuite assez généreuse
Source : Reuters