Elon Musk a relayé sur X.com une vidéo de campagne de Kamala Harris manipulée par intelligence artificielle. Le milliardaire n'a pas précisé qu'il s'agissait d'un contenu généré par IA, contrairement au compte original. La vidéo a été vue plus de 98 millions de fois en quelques heures.
Sacré Elon Musk. Le propriétaire de X.com ne cesse de faire parler de lui. Cette fois-ci, c'est un partage de vidéo qui fait polémique. Il a en effet republié sur son compte personnel une vidéo de campagne de Kamala Harris modifiée par intelligence artificielle.
Il s'agissait là d'un deepfake assumé dont le contenu original provenait d'un autre utilisateur qui avait précisé qu'il s'agissait d'une parodie. Mais le milliardaire n'a pas jugé bon de mentionner cette information capitale. Résultat : en quelques heures seulement, la vidéo a été vue par près de 100 millions de personnes.
Un deepfake vidéo trafiqué de Kamala Harris qui se répand comme une traînée de poudre
La vidéo en question reprend des images d'une publicité de campagne de Kamala Harris. Mais la bande-son a été entièrement modifiée par intelligence artificielle. On y entend une voix imitant celle de la vice-présidente tenir des propos désobligeants sur elle-même et sur Joe Biden. « J'ai été sélectionnée parce que je suis la recrue par excellence en matière de diversité », peut-on entendre dans ce montage trompeur.
Le compte X.com @MrReaganUSA avait initialement partagé cette vidéo en précisant qu'il s'agissait d'une parodie. Mais Elon Musk l'a republiée sans aucune mise en garde, se contentant d'un « C'est incroyable » accompagné d'un émoji hilare. Des utilisateurs ont bien tenté de signaler le caractère trompeur de la vidéo en passant par le système de notes communautaires de X.com. Mais aucun avertissement n'a finalement été ajouté au post viral. Cette mise en contexte aurait pourtant été bien utile, à l'heure où les deepfakes et la désinformation font flores sur le Web à l'approche des élections présidentielles américaines. Et, il ne s'en cache pas, Elon Musk roule pour Donald Trump.
Cette situation est d'autant plus problématique que la plateforme X.com interdit normalement le partage de « médias synthétiques, manipulés ou hors contexte qui peuvent tromper ou dérouter les gens ». La politique du réseau social prévoit même que ce type de contenu soit étiqueté ou supprimé. Pourtant, la vidéo est restée en ligne tout le week-end, cumulant plus de 119 millions de vues.
Les dangers des deepfakes amplifiés par l'influence des personnalités comme d'Elon Musk
Avec ses 191 millions d'abonnés, Elon Musk est l'une des voix les plus influentes sur les réseaux sociaux. Un simple partage de sa part peut transformer n'importe quel contenu en phénomène viral en quelques heures. Cette capacité à toucher des millions de personnes rend la diffusion de deepfakes particulièrement dangereuse.
D'ailleurs, à l'heure où nous écrivons ces lignes, non seulement Elon Musk n'a pas supprimé ce repartage, mais il a encore enfoncé le clou avec un tweet plutôt cinglant, pour se justifier auprès du gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui l'épinglait à son sujet.
« J'ai vérifié auprès d'une autorité mondiale renommée, le professeur Suggon Deeznutz, et il a dit que la parodie était légale en Amérique 🤷♂️ » répond Elon Musk au gouverneur.
Les vidéos générées ou modifiées par IA sont de plus en plus difficiles à détecter pour un œil non averti. Elles peuvent facilement tromper le public et influencer l'opinion, surtout à l'approche d'échéances électorales importantes. C'est pourquoi il est crucial de toujours vérifier la source d'une vidéo et de se méfier des contenus trop parfaits ou surprenants.
Quelques indices peuvent vous mettre la puce à l'oreille : des mouvements de bouche qui ne correspondent pas parfaitement au son, des yeux fixes ou des expressions faciales peu naturelles. Prenez aussi le temps d'écouter attentivement la voix, qui peut parfois sonner légèrement robotique dans les deepfakes. Enfin, fiez-vous à votre bon sens : si les propos tenus semblent complètement en décalage avec ce que vous connaissez d'une personnalité, méfiez-vous !
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Sources : The New York Times, X.com
