Plusieurs sources affirment que le Mossad, le service de renseignement israélien, aurait piégé des milliers de bipeurs du Hezbollah. Des explosions simultanées ont fait de nombreuses victimes et blessés, mardi, à travers le Liban notamment.
L'agence de renseignement israélienne, le Mossad, aurait infiltré et saboté des milliers de bipeurs utilisés par le Hezbollah, pour provoquer les explosions coordonnées survenues au Liban mais aussi en Syrie, le mardi 17 septembre 2024. L'action sophistiquée n'a pas été provoquée par une cyberattaque mais plus, pourra-t-on dire, par une attaque « cyber-physique » préparée en amont. Que sait-on à ce stade ?
Une attaque des bipeurs du Hezbollah préparée avant la distribution des appareils
Relique d'une époque que l'on croyait révolue, le bipeur, ce petit appareil utilisé pour recevoir des messages courts ou des alertes sonores, a été l'acteur d'une attaque massive. Selon plusieurs sources de sécurité libanaises et d'autres réputées très sérieuses, parmi lesquelles Reuters ou CNBC, le Mossad aurait modifié quelque 5 000 bipeurs destinés aux membres du Hezbollah.
Les devices, fabriqués à Taïwan, auraient été piégés avec des explosifs indétectables, avant même d'être distribués. L'opération, préparée pendant des mois, a abouti à l'explosion simultanée des téléavertisseurs, qui aurait causé la mort de 9 personnes et fait plus de 3 000 blessés.
L'attaque représente en tout cas une faille de sécurité majeure pour le Hezbollah. Le mouvement chiite avait adopté l'usage des bipeurs pour éviter d'être localisé par les services israéliens, très puissants dans le domaine de la cybersécurité. Mais de façon ironique, cette stratégie s'est retournée contre lui, le Mossad ayant réussi à exploiter cette vulnérabilité de manière spectaculaire.
La charge n'était pas logicielle, mais physique
Outre les pertes humaines, c'est toute la structure de communication du Hezbollah qui est aujourd'hui compromise. Cette infiltration démontre bien la capacité d'Israël à pénétrer profondément, quoi qu'il en coûte, les réseaux de ses ennemis. Elle illustre à la fois l'enjeu majeur qu'est devenue la maîtrise technologique, et le niveau de sophistication rarement atteint d'une attaque.
L'opération soulève aussi de vraies questions sur la sécurité des chaînes d'approvisionnement en équipements électroniques. La capacité à modifier des appareils « à la source » représente une menace sérieuse pour de nombreuses organisations. Car précisons bien une chose : une attaque informatique n'est pas à l'origine de l'agression. Ici, la charge n'était pas logicielle, mais bien physique.
Cette affaire pourrait en tout cas inciter à un renforcement des contrôles sur la production et la distribution de matériels sensibles. Mais surtout, cet événement risque d'exacerber les tensions déjà vives entre Israël et le Hezbollah. Alors que le conflit à Gaza se poursuit, l'attaque pourrait précipiter une escalade régionale que de nombreux observateurs redoutent depuis de longs mois.