Les véhicules autonomes sont souvent associés aux Tesla d'Elon Musk, aux BYD ou autres Renault Zoé. Mais dans les mines australiennes, c'est un tout autre monde qui se dévoile, avec des camions sans chauffeur de 300 tonnes.
Dans les entrailles du Pilbara, une région reculée et désertique de l'Australie-Occidentale, une révolution technologique est en marche. Ici, les mines de minerai de fer de Rio Tinto ont remplacé la majorité de leurs camions de chantier presque ancestraux par des engins autonomes, capables de transporter, accrochez-vous bien, jusqu'à 300 tonnes de roches. Une véritable prouesse technique à plus d'un titre.
Roulage 24h/24 et gains de vitesse : les bénéfices de l'autonomie dans les mines
Des camions sans chauffeur et même un énorme camion-citerne qui arrose les routes pour lutter contre la poussière : bienvenue dans le futur de l'industrie minière. Avec plus de 360 véhicules autonomes déployés sur ses sites, Rio Tinto s'impose comme un leader mondial de l'automatisation dans ce secteur, avec plusieurs dizaines de milliards d'euros de chiffre d'affaires chaque année.
La grande raison pour laquelle Rio Tinto a adopté cette technologie, c'est l'amélioration de la sécurité de ses employés. L'industrie minière étant particulièrement dangereuse, les accidents impliquant de lourds engins ont régulièrement des conséquences dramatiques. Alors, avec des camions sans chauffeur, autant dire que les risques liés à la fatigue ou à une conduite hasardeuse sont réduits à peau de chagrin.
Mais l'automatisation apporte aussi des gains de productivité non négligeables, de l'ordre de 15% selon le géant minier. Pas de pauses, pas de changements d'équipe, les camions peuvent rouler 24h/24, 7j/7. Et sans opérateur humain, ils peuvent même aller plus vite dans certaines zones de la mine.
Les robots ne détruisent pas d'emplois, mais facilitent une reconversion des métiers
La bascule technologique a néanmoins un coût. Si Rio Tinto n'a pas communiqué sur le montant total investi dans son projet d'automatisation, les observateurs évoquent des milliards de dollars investis. La mise, colossale, soulève des questions sur l'avenir de l'emploi dans les mines.
On notera que contrairement aux idées reçues, l'arrivée des robots n'a pas encore entraîné de suppressions d'emplois chez Rio Tinto. Au lieu de cela, les mineurs ont même été redéployés sur d'autres postes, comme celui de contrôleur dans le centre de télésurveillance basé à Perth, à 1 500 km de là.
C'est le cas de Jess Cowie, ancienne foreuse manuelle, qui pilote désormais à distance les forages autonomes. « Je fais toujours des trous dans le sol, mais sans la poussière, le bruit et en étant loin de la famille », explique-t-elle.
L'automatisation n'est néanmoins pas sans danger
Les syndicats, eux, s'interrogent sur la pérennité de ce modèle. Leur avis est qu'à terme, les possibilités de reconversion risquent de s'amenuiser, ce qui laisserait alors présager des suppressions d'emplois. Mais nous n'en sommes pas là, et Rio Tinto assure vouloir accompagner ses équipes dans cette transition.
Au-delà des considérations humaines, l'automatisation pose des soucis de… sécurité, oui. Des incidents ont déjà été recensés, comme un accident impliquant un train autonome qui a percuté un train en panne. Des problèmes techniques qui devront être résolus pour fiabiliser davantage ces technologies.
Rio Tinto compte bien poursuivre son virage technologique à 360°, avec l'introduction prochaine d'excavatrices (ces machines gigantesques utilisées pour creuser le sol à l'aide d'une chaîne à godets), de chargeuses et de bouteurs sans opérateur. L'industrie minière australienne veut montrer la voie en matière d'automatisation, un modèle qui pourrait bien essaimer dans d'autres secteurs à l'avenir.
Source : BBC