Ces derniers jours, deux câbles sous-marins de télécommunication ont été mystérieusement endommagés en mer Baltique. Les soupçons se portent sur le Yi-Peng 3, un navire marchand chinois dont la trajectoire coïncide étrangement avec les points de rupture des câbles.
Un navire chinois pourrait être responsable d'un possible acte de sabotage en mer Baltique. Le Yi-Peng 3, un vraquier de 225 mètres de long, se trouve actuellement immobilisé entre le Danemark et la Suède, sous la surveillance d'une frégate danoise. Selon le journal Le Monde, les données de navigation analysées placent le navire exactement au-dessus des deux câbles de télécommunication au moment précis où ils ont été endommagés.
Un trajet sous haute surveillance
Les forces armées danoises surveillent de près le Yi-Peng 3, pour l'instant bloqué dans le détroit du Cattégat. Le navire, parti du port russe d'Oust-Louga le 15 novembre 2024, a emprunté un itinéraire qui laisse perplexe. Son parcours a en effet été méticuleusement reconstitué grâce aux données AIS, le système de géolocalisation maritime.
Le premier incident s'est produit le dimanche 19 novembre vers 9 heures, lorsque le câble BSC reliant la Lituanie à l'île suédoise de Gotland a cessé de fonctionner. Les données de navigation viennent confirmer que le Yi-Peng 3 se trouvait précisément à la verticale du point de rupture au moment de l'incident.
Voilà que dix-huit heures plus tard, c'est au tour du câble C-LION1, reliant la Finlande à l'Allemagne, d'être endommagé. Là encore, le navire chinois était présent sur zone au moment exact de la rupture, survenue entre 3h02 et 3h05 du matin, selon les données AIS analysées.
Des câbles sous-marins endommagés, et une situation diplomatique délicate
Les autorités suédoises et danoises font preuve d'une grande prudence dans leurs déclarations, ce qui n'a rien d'étonnant. Le ministre de la Défense danois, Troels Lund Poulsen, a notamment souligné que l'ampleur de l'incident et la nature intentionnelle des dégâts restaient à déterminer.
De son côté, la Chine, par la voix de son porte-parole du ministère des Affaires étrangères, affirme que ses navires respectent scrupuleusement les réglementations internationales. Le pays exige que ses bâtiments se conforment aux lois maritimes en vigueur, tout en rappelant son rôle d'État du pavillon.
Les autorités font donc face à un défi juridique majeur : le Yi-Peng 3 n'étant pas dans les eaux territoriales danoises, son arraisonnement (l'interception ou le contrôle d'un navire) nécessiterait l'autorisation explicite de la Chine. Le vaisseau est en effet considéré comme une extension du territoire chinois en mer.
Des investigations en cours, et beaucoup de prudence
Une enquête de police a été rapidement ouverte par la Suède, les deux points de rupture se trouvant dans sa zone économique exclusive. C'est actuellement l'unité de lutte contre le crime international et organisé qui dirige les investigations, épaulée par les garde-côtes.
Dans le même temps, le navire militaire suédois Belos, équipé de robots sous-marins, inspecte les zones endommagées. Sa mission principale consiste à capturer des images vidéo des câbles rompus, pour évaluer la nature exacte des dégâts.
Ce qui est certain, c'est que la situation reste en suspens. Les autorités maritimes doivent avancer avec prudence et naviguer entre les eaux troubles de la diplomatie internationale et l'urgence d'une enquête approfondie sur ces infrastructures critiques de télécommunication.
Source : Le Monde