Le Doro 8100 Plus, un smartphone destiné aux seniors, a dangereusement dépassé les limites d'exposition aux ondes électromagnétiques. L'ANFR a contraint son fabricant à effectuer une mise à jour logicielle pour réduire la puissance d'émission de l'appareil.
Conçu spécifiquement pour les personnes âgées, le téléphone Doro 8100 Plus, de marque suédoise, a été épinglé récemment par l'Agence nationale des fréquences (ANFR), pour un dépassement préoccupant des normes d'exposition aux ondes. Les tests effectués par le laboratoire allemand Cetecom Advanced en mai 2024 ont en effet révélé un DAS « membre » de 6,24 W/kg pour le smartphone vendu 230 euros, bien au-delà de la limite réglementaire fixée à 4 W/kg. L'agence française a indiqué, le 6 décembre, que tout était rentré dans l'ordre. Mais que s'est-il passé ?
Un dépassement de l'exposition aux ondes qui a inquiété l'ANFR
On rappelle que le DAS (Débit d'Absorption Spécifique) est un indicateur imposé par l'Union européenne, qui mesure la quantité d'énergie électromagnétique absorbée par le corps humain lors de l'utilisation d'un appareil mobile. Dans le cas du Doro 8100 Plus, le DAS dit « membre », mesuré lorsque l'appareil est au contact du corps, dépassait de plus de 50% la limite autorisée.
Forcément, il n'en fallait pas plus pour que l'ANFR mette immédiatement en demeure le fabricant suédois Doro de prendre les mesures nécessaires. L'entreprise a donc dû développer une mise à jour logicielle, déployée en octobre 2024, pour réduire la puissance d'émission de ses terminaux et ramener le DAS membre à une valeur conforme de 1,27 W/kg, bien en deçà de la limite réglementaire.
Le docteur Marc Arazi, à la tête de l'ONG Alerte Phonegate en 2016, s'inquiète de cette situation. À l'approche des fêtes de fin d'année, il met en garde contre les nombreux smartphones qui seront offerts sans garantie suffisante de protection sanitaire, pointant du doigt au passage une réglementation qu'il juge défaillante depuis plusieurs années.
Des zones d'ombre persistantes sur l'exposition réelle
Phonegate, qui s'est spécialisée dans la protection sanitaire liée aux appareils connectés, soulève d'autres préoccupations. Selon ses estimations, les DAS « tête » et « tronc » du Doro 8100 Plus seraient également problématiques, avec des valeurs respectives de 2,925 W/kg et 5,6 W/kg. Ces mesures n'ont toutefois pas été officiellement communiquées par l'ANFR.
La mise à jour est automatiquement déployée sur les appareils, dès lors qu'ils sont connectés à un réseau mobile ou en Wi-Fi. L'Agence nationale des fréquences invite cependant les propiétaires d'un Doro 8100 Plus à vérifier que leur téléphone a bien reçu cette mise à jour corrective. Elle est d'ailleurs identifiable par le numéro de version EMO01AS10A_DSB0400_1003_USER_240826.
Cette nouvelle affaire concernant le Doro 8100 Plus ravive le débat sur la surveillance des émissions d'ondes des smartphones. À l'heure où le marché des téléphones pour seniors est en pleine expansion, avec des fonctionnalités toujours plus nombreuses, la question de leur innocuité reste très importante. Un enjeu d'autant plus crucial que ces appareils sont destinés à une population potentiellement plus vulnérable. Ils nécessitent, ainsi, une vigilance accrue de la part des autorités de contrôle comme des fabricants.