Le logiciel ARPEGE, déployé depuis octobre 2024 dans les CPAM de Loire-Atlantique et de Vendée, présente des trous dans la raquette dans sa phase de test. Des milliers d'assurés se retrouvent privés d'indemnités journalières, certains sont même dans une situation financière critique.

Le logiciel de versement des IJ de la CPAM doit être déployé dans toute la France © Alexandre Boero pour Clubic
Le logiciel de versement des IJ de la CPAM doit être déployé dans toute la France © Alexandre Boero pour Clubic

L'expérimentation du logiciel ARPEGE dans les caisses primaires d'assurance maladie de Loire-Atlantique et de Vendée sonne faux. Censé simplifier la gestion des arrêts de travail et le versement des indemnités journalières, cet outil a semé une panique celtique au sein des CPAM.

Depuis début octobre, des milliers d'assurés sociaux n'ont pas perçu leurs indemnités ou ont reçu des montants erronés. Les agents des CPAM, submergés par les réclamations, sont totalement impuissants devant des assurés anéantis.

Le plantage d'ARPEGE met des milliers d'assurés dans une situation financière désastreuse

Le déploiement du logiciel ARPEGE a entraîné une véritable catastrophe pour les assurés sociaux des départements concernés. Dès les premiers jours de sa mise en service, le système a montré des failles béantes, incapable de traiter correctement les dossiers d'arrêts maladie et d'accidents du travail. Les conséquences sont dramatiques : des milliers de personnes se retrouvent sans ressources, parfois depuis plus de deux mois.

En Loire-Atlantique, aucun dossier d'accident du travail ou de maladie professionnelle n'a été réglé depuis le 2 octobre. Les agents des CPAM, dépassés par l'ampleur du désastre, croulent sous les appels et les visites d'assurés désespérés. Certains menacent même de se suicider, comme le rapporte France Bleu Loire Océan. Ils ne peuvent en effet plus faire face à leurs charges quotidiennes.

Pour tenter de pallier l'urgence, les CPAM ont mis en place un système d'acomptes. Mais cette solution s'avère elle aussi problématique : les montants versés sont souvent incorrects, tantôt trop élevés, tantôt insuffisants. Les assurés risquent ainsi de devoir rembourser des sommes importantes plus tard et de voir leur situation s'aggraver davantage.

La tension monte également du côté des employeurs. En effet, ARPEGE est incapable de gérer correctement la subrogation, ce mécanisme qui permet à l'employeur de percevoir directement les indemnités journalières en lieu et place du salarié. Cette défaillance met en péril le versement du demi-salaire par les entreprises et alimente un cercle vicieux de précarité pour les salariés en arrêt.

Certains arrêts de travail non indemnisés datent du 2 octobre - Capture d'écran © France Info
Certains arrêts de travail non indemnisés datent du 2 octobre - Capture d'écran © France Info

ARPEGE accumule les bugs et semble incapable de gérer la complexité des situations

Les dysfonctionnements d'ARPEGE sont multiples et touchent tous les aspects du traitement des arrêts de travail. Le logiciel semble incapable de gérer la moindre complexité et prive les agents de leviers d'action pour traiter correctement les dossiers des assurés.

Parmi les bogues les plus graves, on note l'incapacité du système à traiter les dossiers de temps partiel thérapeutique. Cette situation est particulièrement problématique pour les assurés qui tentent de reprendre progressivement leur activité après une longue maladie. ARPEGE ne parvient pas non plus à gérer correctement les cas de poly-activité, alors que de plus en plus de salariés occupent deux ou plusieurs activités professionnelles.

Quant au calcul des indemnités, ARPEGE s'avère nul en maths et utilise parfois des plafonds de sécurité sociale obsolètes, qui entraînent le versement d'indemnités trop faibles. Cette erreur est d'autant plus grave qu'elle touche particulièrement les arrêts de longue durée. Dès lors que l'on est déjà fragilisé par la maladie, cette erreur de calcul n'arrange rien.

Mais le logiciel ne s'est pas arrêté en si mauvais chemin. Il a également envoyé, par erreur, des courriers annonçant l'interruption des indemnités après 6 mois d'arrêt. Cette fausse information a provoqué une vague de panique chez les assurés concernés, qui se sont précipités vers les services d'accueil des CPAM.

Cette situation désastreuse a fait monter les syndicats CGT et CFDT au créneau. Ils réclament l'abandon pur et simple d'ARPEGE. Selon eux, une gestion hasardeuse et non concertée de la mise en place de ce logiciel met en péril la mission de service public de l'Assurance Maladie.

La situation est d'autant plus ubuesque que même les agents des CPAM en arrêt maladie se retrouvent victimes des dysfonctionnements du logiciel qu'ils sont censés utiliser.