Un faux avocat qui prétendait représenter Nintendo a pris pour cible plusieurs créateurs de contenu sur YouTube. Dominik « Domtendo » Neumayer, spécialisé dans les jeux vidéo, a été contraint de supprimer des vidéos sous la menace. Cet incident remet en question la fiabilité des systèmes de protection des droits d'auteur sur la plateforme.

Les droits d'auteur sur YouTube sont-ils suffisamment protégés ? © Varga Jozsef Zoltan / Shutterstock
Les droits d'auteur sur YouTube sont-ils suffisamment protégés ? © Varga Jozsef Zoltan / Shutterstock

Si vous n'êtes pas adepte de jeux vidéo ni de YouTube, alors le pseudo de Dominik « Domtendo » Neumayer, ce youtubeur populaire avec plus de 1,5 million d'abonnés, ne vous dira rien. Quoi qu'il en soit, il a récemment été la cible d'une tentative de fraude impliquant de fausses réclamations pour violation de droits d'auteur.

L'imposteur a menacé de faire fermer sa chaîne s'il ne retirait pas des vidéos liées à The Legend of Zelda: Echoes of Wisdom. La situation s'est aggravée avec des menaces répétées et a contraint Domtendo à supprimer des contenus par précaution.

Le contact direct avec Nintendo a permis de démasquer l'usurpateur, mais désormais, on connaît la facilité avec laquelle des créateurs peuvent être piégés par des accusations frauduleuses sur YouTube.

Les créateurs de contenu, cibles vulnérables aux fausses réclamations de droits d'auteur

Les fausses réclamations de droits d'auteur sont un vrai casse-tête pour les créateurs sur YouTube. Dominik « Domtendo » Neumayer en a fait l'amère expérience quand cet individu, soi-disant avocat de Nintendo, a demandé le retrait de ses vidéos sous menace de fermer sa chaîne. L'adresse mail utilisée, qui provenait d'un service de messagerie sécurisé, a été l'un des premiers signes d'une possible arnaque. Même s'il a commencé à avoir des doutes, le youtubeur a choisi d'agir vite en supprimant ses vidéos, malgré les fâcheuses conséquences pour le référencement de son compte et ses droits d'auteur.

Il s'est aperçu ensuite que d'autres créateurs, comme Waikuteru, un moddeur de jeux Zelda, ont également été concernés par les mêmes demandes. Ces incidents montrent à quel point il est facile pour des personnes malveillantes de semer le doute chez les créateurs, en jouant sur leur peur de sanctions irréversibles. Même si Domtendo a réussi à démasquer l'imposteur grâce à des incohérences juridiques et techniques, l'impact psychologique et financier de ces situations n'est pas anodin et laisse des traces.

La pression de l'imposteur a entraîné une série de suppressions de vidéos, ce qui a temporairement réduit la visibilité de la chaîne de Domtendo et a affecté sa relation avec son public. L'imposture s'est même étendue à des outils de communication comme Discord, ce qui donne à penser qu'il avait obtenu des accès à des espaces privés.

On se rend alors compte de la vulnérabilité des créateurs de contenu sur des plateformes que l'on pense à cheval sur le respect de la protection des droits d'auteurs. Ils se retrouvent impuissants et sans solution immédiate lorsqu'ils sont victimes de tentatives de fraude ou de harcèlement de la part d'individus malveillants, qui sont hélas légion sur YouTube.

 L'avocat de Nintendo qui a approché Domtendo n'existait pas © yu_photo / Shutterstock
L'avocat de Nintendo qui a approché Domtendo n'existait pas © yu_photo / Shutterstock

Le système de protection de YouTube, un équilibre fragilisé par les abus

Le système de gestion des droits d'auteur de YouTube fonctionne de manière largement automatisée. Conçu pour protéger les ayants droit, il permet aux utilisateurs de déposer des plaintes en quelques clics, sans procédure de vérification approfondie. Si cette méthode minimaliste est simple et pratique, elle ouvre hélas la porte à des abus massifs, comme celui subi par Domtendo.

Son prédateur a exploité ces failles pour le cibler directement, en utilisant des outils d'usurpation accessibles au grand public. L'adresse électronique usurpée et les fausses accusations ont suffi à déclencher des événements en chaîne, lesquels ont retardé l'intervention de YouTube.

À cela s'ajoute la disposition « Safe Harbor » du DMCA. Ce cadre juridique, destiné à protéger les plateformes, incite à la suppression rapide de contenus incriminés pour éviter tout risque légal. Or, cette priorité donnée aux ayants droit sur les créateurs expose ces derniers à des accusations infondées, sans garantie de recours efficace. La peur de perdre leur chaîne pousse nombre de créateurs à se plier aux demandes, même douteuses, sans attendre de vérification.

L'affaire Domtendo a montré l'inefficacité de YouTube dans la gestion des cas de fraude. La plateforme n'a pas apporté de réponses claires sur les mesures qu'elle entend prendre pour éviter que de telles situations ne se reproduisent.

Ce manque de transparence et de soutien a mis à mal la confiance des créateurs envers un système censé les protéger tout en équilibrant les droits des différentes parties.

Source : Tech Biz Web