À votre avis, vaut-il mieux de se faire bannir de YouTube pour atteinte aux droits d'auteurs ou bien pour la publication de contenus explicites, à caractère pornographique ? Certains "créateurs" ont fait leur choix, exploitant une faille de la plateforme leur permettant de conserver leurs comptes publicitaires !
En voilà une drôle de manière de contourner le système ! Sur YouTube, il y a des vidéastes appréciés de tous, et d'autres, qui cherchent avant tout à produire des vidéos virales pour générer du trafic et les revenus publicitaires qui vont avec. Parmi eux, certains semblent avoir trouvé la parade. Ils ne se gênent pas pour exploiter une faille de la plateforme vidéo de Google, leur permettant d'engranger des revenus AdSense à partir de contenus pourtant protégés par la propriété intellectuelle.
Du porno comme "bouclier"
Elles font peut-être partie de vos abonnements YouTube ! On pourrait penser que ces chaînes, qui ont parfois plusieurs centaines de milliers d'abonnés, se sont fait pirater en découvrant que leur logo, leur vignette et autres miniatures de vidéos, ont subitement été remplacées par du contenu à caractère sexuel pour le moins explicite.
16 novembre 2024 à 15h38
Il apparait néanmoins que cela ne serait pas le cas. Ces chaînes émanant de créateurs aux méthodes et aux contenus douteux cherchent à générer des revenus en diffusant des contenus protégés, desquels ils ne sont pas les auteurs. Seulement, il n'est pas simple de contourner le système d'identification de contenu automatisé de YouTube, Content ID. Les avertissements pour violation des droits d'auteur ne tardent jamais à arriver, avec un bannissement à la clé, au bout de trois infractions à la règle. Alors, ces créateurs peu scrupuleux semblent avoir creusé les conditions d'utilisation de YouTube pour contourner ce système : se faire bannir pour diffusion de contenu pornographique, plutôt que pour violation de droits d'auteur !
Deux cas différents de bannissement
Certes, dans les deux cas, l'utilisateur qui a uploadé les vidéos est banni du service de Google. En revanche, il y a une différence de traitement entre ces deux types de bannissement qui change tout ! Lors d'un bannissement pour violation des droits d'auteur, le propriétaire de la chaîne ne peut pas conserver son compte AdSense, autrement dit les revenus publicitaires qu'il a généré à partir des vidéos mises en ligne. À contrario, cette pénalité est plus souple lorsque le bannissement est du fait de la diffusion de contenus explicites !
Cette différence de traitement explique que les propriétaires de ces chaînes exploiteraient plutôt une faille de YouTube qu'autre chose. Certaines chaînes qui se sont fait une spécialité pour générer des revenus à partir de contenus qui ne leur appartiennent pas, sortent du lot. Nos confrères de Torrent Freak citent notamment le cas de Mr. Tech. Après avoir accumulé des millions de vues, avec 170 000 abonnés à la clé, la chaîne s'est subitement transformée en une vitrine pornographique avec une identité visuelle des plus explicites. Pour autant, les vidéos restaient inchangées, mais ce n'était pas le cas de leur miniature, de la bannière de la chaine, ou même du logo. Il n'a fallu que quelques heures pour voir cette chaine disparaitre, bannie de YouTube en raison de ses images explicites.
En recourant au porno, ces chaînes semblent se protéger en anticipant le bannissement pour une autre raison, celle de l'atteinte aux droits d'auteur. L'intérêt est on ne peut plus simple puisque les comptes AdSense associés aux chaînes seraient traités différemment en fonction des raisons de la suppression de la chaîne. D'abord, la politique d'AdSense est moins stricte dans le cas d'une suppression pour violation des directives communautaires, dont fait partie le contenu explicite. Cela indique qu'il y a une possibilité pour le propriétaire de la chaîne de percevoir tout de même les revenus générés à partir des vidéos mises en ligne. Mais surtout, le compte AdSense peut être préservé d'une suspension, ce qui signifie que la personne derrière est en mesure de relancer le cycle, en créant une autre chaîne YouTube, qui elle-même pourra générer des revenus. Dans le cas d'une violation des droits d'auteur, le compte est suspendu, car AdSense considère que s'agit d'une activité illégale. Pour ce qui est de Mr. Tech, les contenus de sa chaîne fermée sont réapparus… sur d'autres chaînes, prouvant bien le caractère frauduleux de sa démarche.
Source : Torrent Freak