Cette année, l’IA était omniprésente au CES. Et l’un des acteurs majeurs de cette révolution moderne a présenté sa nouvelle génération de cartes graphiques, les GeForce RTX 50 sous la nouvelle architecture « Blackwell ». J’ai eu la chance d’assister à la keynote d’ouverture du salon, tenue par l’emblématique Jensen Huang, fondateur et CEO de NVIDIA. Il est temps d’admettre que le rendu traditionnel n’a plus autant d’importance, et que l’IA est bel et bien le futur.

Nous étions à la conférence d'ouverture du CES 2025 © Colin Golberg
Nous étions à la conférence d'ouverture du CES 2025 © Colin Golberg

Quand Jensen Huang a annoncé que la future RTX 5070 offrirait les performances d’une RTX 4090 pour moins de la moitié de son prix, la réaction du public a été à la hauteur de la promesse. Bien entendu, ce niveau de performance n’est possible que grâce au DLSS 4, nouvelle version de la technologie d’upscaling par IA de NVIDIA.

Dès le lendemain de la publication de mon article (et de ma vidéo), je me suis lancé dans un traditionnel tour des commentaires de nos lecteurs. Sans surprise, la grande majorité criait au scandale : « sans le DLSS, les perfs sont à peine meilleures que la génération précédente », « le DLSS c’est du fake », « la framegen c’est du vent »… et d’autres formulations plus exotiques – si vous voyez ce que je veux dire – et toujours animées par une bonne foi discutable.

À vous, fiers défenseurs de la puissance brute, des transistors et des CUDA cores, j’ai une mauvaise nouvelle : si vous espériez une augmentation significative des performances en rendu traditionnel, sachez que vous êtes devenu des « boomers » du GPU. Et, soyons honnêtes un instant : qu’une image soit rendue à la sueur des CUDA cores ou grâce aux Tensor cores, quelle importance tant que le résultat est propre et sans latence ?

À votre avis, lequel est le boomer ? © Colin Golberg
À votre avis, lequel est le boomer ? © Colin Golberg

La loi de Moore à bout de souffle : l’IA à la rescousse

Nous arrivons à un tournant dans le secteur des cartes graphiques (et des processeurs en général). La fameuse loi de Moore, qui prédit que le nombre de transistors sur une puce double tous les deux ans, montre ses limites. Il devient de plus en plus difficile de miniaturiser les composants, et les gains de performance brute se font plus rares. C’est d’ailleurs ce qui a fait réagir les réfractaires lorsque NVIDIA a présenté un graphique montrant que la RTX 5090 ne surpasse la RTX 4090 que d’environ 10 % en rendu sans DLSS.

C’est là que l’intelligence artificielle entre en jeu. NVIDIA mise gros sur l’IA pour continuer d'améliorer les performances et la qualité d’image, sans avoir à augmenter drastiquement le nombre de transistors. Les GeForce RTX 50 en sont la preuve : le nombre de transistors est certes légèrement supérieur à la génération Ada Lovelace, mais les gains de performance annoncés sont tout simplement incroyables. Si je ne peux pas encore partager plus d’informations sur la nouvelle architecture « Blackwell », je ne manquerai pas de le faire dès que l’embargo imposé par NVIDIA sera levé.

La fameuse RTX 5070 qui devrait offrir les même performances qu'une RTX 4090 pour moins de la moitié de son prix © Colin Golberg

J’ai joué à Cyberpunk 2077 en 4K avec path tracing à plus de 250 images/seconde

Comment est-ce possible ? Grâce au DLSS 4, qui génère trois images par IA pour chaque image réellement rendue par la carte graphique. Cette technologie, appelée Multi-Frame Generation (MFG), est exclusive à la série 50. Elle permet de booster considérablement le nombre d’images par seconde dans les jeux.

Bien sûr, certains crient à l’arnaque, arguant que ces images produites par l’IA ne sont pas « réelles ». Mais, après avoir testé sur une RTX 5090 le DLSS 4 sur Cyberpunk 2077 en 4K, toutes options graphiques à fond et path tracing activé, je peux vous assurer que le résultat est bluffant ! J’ai atteint 250 à 300 images par seconde, alors que la RTX 4090 peine à atteindre les 100 images/seconde dans les mêmes conditions. Le tout avec une qualité d’image nettement supérieure, grâce au nouveau modèle neuronal « Transformer » qui gomme les défauts présents dans les itérations précédentes du DLSS : ghosting, clignotement, flou, reflets bruités… Tout a disparu ou presque, et il est impossible de distinguer une image native d’une image upscalée par le DLSS 4 et générée par la Multi-Frame Generation. Je peux même vous assurer que, sur les démos que j’ai essayées (Cyberpunk 2077, Alan Wake 2, Black Myth: Wu Kong), l’activation du DLSS 4 améliore l’image par rapport à la version native, corrigeant les imperfections inhérentes aux moteurs 3D utilisés.

Si vous ne me croyez pas, croirez-vous les boss de © Digital Foundry ?

Et la latence dans tout ça ?

C’était LA grande question que mes confrères et moi nous posions lors de l’annonce du DLSS 4. Quand 15 pixels sur 16 sont rendus par l’IA (DLSS Super Resolution + Multi-Frame Gen), on pouvait s’attendre à une latence importante, malgré l’arrivée de Reflex 2 pour compenser la complexité du nouveau pipeline de rendu. Même s’il est trop tôt pour tirer une conclusion définitive, je n’ai observé aucune latence supplémentaire lors des démos que j’ai pu tester. Pour être franc, en jouant à Cyberpunk 2077, j’ai eu les mêmes sensations que dans un fast-FPS compétitif. Une révolution qu'on vous dit.

Le Neural Rendering : une nouvelle ère pour le réalisme graphique

Le Neural Rendering de NVIDIA est une technologie qui exploite l’intelligence artificielle pour améliorer les graphismes des jeux vidéo. Elle permet de produire des images plus réalistes et plus fluides, tout en utilisant moins de ressources GPU. L’idée n’est pas seulement d’améliorer les textures ou la géométrie, mais de repenser complètement la façon dont les images sont générées.

Voici quelques exemples concrets de ce que le Neural Rendering rend possible :

  • Rendu des matériaux plus réaliste : l’IA peut analyser les propriétés physiques des matériaux (réflectivité, transparence, etc.) et simuler leur interaction avec la lumière de façon beaucoup plus précise. Imaginez des surfaces qui reflètent parfaitement leur environnement, des tissus qui se drapent naturellement, ou encore des liquides qui ondulent de façon réaliste.
  • Éclairage global plus précis : l’IA peut calculer l’éclairage d’une scène de manière bien plus efficace, en tenant compte de la diffusion de la lumière et des ombres portées. Résultat : des environnements plus immersifs et plus crédibles.
  • Animation des personnages plus expressive : l’IA peut analyser les mouvements des personnages et générer des expressions faciales et des gestes plus naturels, rendant les personnages nettement plus vivants.
  • Génération de contenu procédural : l’IA peut créer des environnements et des objets de manière automatique, en se basant sur des règles définies par les développeurs. Cela permet de concevoir des mondes virtuels immenses et variés, sans avoir à tout modéliser à la main.

© NVIDIA

L’IA, l’avenir du jeu vidéo

Il est temps d’arrêter de considérer le DLSS et les autres technologies IA développées par NVIDIA comme de simples options à activer en jeu. L’IA est en train de révolutionner le jeu vidéo, et il est crucial de s’en rendre compte. Les performances brutes ne sont plus le seul critère à prendre en compte : le logiciel, le traitement par IA et des fonctionnalités comme le DLSS sont désormais parties intégrantes de la carte graphique – et représentent d’ailleurs un atout concurrentiel décisif (coucou AMD). NVIDIA nous a même communiqué une statistique intéressante : 80 % des propriétaires de GeForce RTX (toutes générations confondues) activent le DLSS ! Les 20 % d’irréductibles vivent entre autres sur notre forum.

Les annonces de NVIDIA au CES 2025 marquent un tournant majeur. L’IA redéfinit déjà les limites du possible en matière de graphismes et de performances. Le DLSS 4 et le Neural Rendering ouvrent la voie à une nouvelle ère pour le jeu vidéo, et nous publierons très prochainement une série d’articles pour vous présenter plus en détail l’architecture Blackwell et le DLSS 4, avant de vous proposer des tests complets des GeForce RTX 5090, 5080, 5070 Ti et 5070.