Pour éviter les amendes liées aux nouvelles normes européennes d'émissions de CO2, le groupe Stellantis s'allie avec Tesla. Alors que les constructeurs doivent réduire leurs émissions de 15 % par rapport à 2021, avec un seuil fixé à 93,6 grammes de CO2 par kilomètre en 2025, certains sont plus « verts » que d'autres.
Le groupe automobile Stellantis, qui a déjà dans son giron Peugeot, Citroën et Fiat, a annoncé son intention d'acheter des crédits d'émission à Tesla. Cette stratégie, également adoptée par Toyota, Ford, Mazda et Subaru, entend répondre au durcissement des normes européennes antipollution.
Eh oui, depuis le 1er janvier 2025, la Commission européenne impose aux constructeurs automobiles un régime au pain sec et à l'eau pour leurs émissions de CO2. Les amendes prévues pour non-respect de ces normes pourraient atteindre 15 milliards d'euros sur plusieurs années, selon l'ACEA (Association des constructeurs européens d'automobiles).
Un marché électrique qui peine à décoller
Le ralentissement des ventes de véhicules électriques en Europe a placé les constructeurs dans une position délicate. En 2023, les immatriculations de voitures électriques ont atteint 15,5 % du marché, une progression plus lente que prévu. La nouvelle législation européenne contraint pourtant les constructeurs à commercialiser environ une voiture électrique sur quatre modèles vendus.
Les voitures thermiques dominent pourtant toujours le marché. En 2023, plus de la moitié des nouvelles immatriculations concernaient des véhicules à essence, suivis par les véhicules diesel (17 %). Selon France Info, Stellantis a confirmé que la participation à ce groupement l'aiderait « à atteindre les objectifs d'émissions pour 2025 tout en optimisant l'utilisation de ses ressources ».
Ces « droits à polluer » font référence aux crédits d'émission de CO2 que des constructeurs comme Stellantis peuvent acheter à Tesla. Ces crédits sont générés par la vente de véhicules électriques, comme ceux de Tesla, qui n'émettent pas de CO2. En acquérant ces crédits, Stellantis peut compenser les émissions de ses véhicules thermiques et respecter les normes européennes, évitant ainsi des amendes. Cette pratique permet à Stellantis de réduire ses émissions globales sans augmenter sa production de voitures électriques, mais elle est critiquée pour son manque d'incitation à accélérer la transition vers des technologies plus écologiques.
Des choix stratégiques qui divisent
Interrogé par le site Reporterre, Pierre Leflaive, responsable des mobilités durables au Réseau Action Climat, critique cette approche. « Tous les constructeurs aujourd'hui ont la capacité de respecter la réglementation CAFE (pour Corporate Average Fuel Economy, un ensemble de normes mises en place par les États-Unis pour réduire la consommation de carburant et les émissions de CO2 des véhicules) pour 2025. C'est une question de priorité et de choix d'investissements », déclare-t-il.
Le choix de Stellantis permettrait au groupe de maintenir la production de véhicules thermiques ou hybrides à fortes marges. Cette stratégie créerait une transition à deux vitesses : d'un côté, une clientèle aisée accédant aux véhicules électriques, de l'autre, une population contrainte de conserver des véhicules plus anciens et polluants.
Les experts préconisent un encadrement plus strict du système de rachat des droits à polluer. Les constructeurs devraient démontrer leurs efforts concrets pour atteindre leurs objectifs environnementaux avant d'obtenir cette flexibilité. La réglementation européenne prévoit déjà un durcissement progressif des normes : 49,5 g/km de 2030 à 2034, puis 0 g/km à partir de 2035.
Sources : Reporterre, France Info, Commission européenne