Une affaire d'escroquerie aux sentiments sur Internet vient d'être jugée en France. Un retraité a été manipulé jusqu'à détourner les économies de sa mère de 85 ans, pour un préjudice total dépassant les 95 000 euros.
Direction La Roche-sur-Yon, où un tribunal a examiné en début de semaine un surréaliste cas de « love scam », traduisez l'arnaque aux sentiments. Un retraité de 63 ans, qui touche une pension mensuelle de 2 500 euros, est tombé dans l'engrenage d'une escroquerie en ligne sophistiquée. À la barre, il a reconnu avoir bien cédé à une triste « fraude aux sentiments », avant de détailler comment cette manipulation l'a conduit à spolier sa propre mère.
Tombé dans une machination financière bien orchestrée, l'homme a cédé à la fraude aux sentiments
Entre janvier 2021 et août 2023, l'escroc a su tisser sa toile autour du retraité, alors en pleine procédure de divorce. La manipulation psychologique s'est intensifiée progressivement, avec des demandes d'argent de plus en plus fréquentes, toujours justifiées par des difficultés financières urgentes, comme nous l'apprennent nos confrères du Journal du Pays Yonnais.
Dans le détail, les transferts, qui étaient effectués à l'aide de cartes prépayées pour brouiller les pistes, s'échelonnaient stratégiquement entre 50 et 250 euros. De « petits » montants et une technique éprouvée qui ont permis à l'arnaqueur de soutirer plus de 30 000 euros au retraité, avant que ce dernier ne se tourne vers les comptes de sa maman.
Le préjudice s'est alors considérablement alourdi lorsque le sexagénaire a effectivement commencé à puiser dans les économies de sa mère, âgée de 85 ans. Cette agricultrice retraitée, qui ne touche qu'une modeste pension de 1 100 euros chaque mois, s'est retrouvée interdite bancaire après des retraits successifs pour un total de 62 800 euros.
Un réveil tardif aux lourdes conséquences
L'homme arnaqué pensait avoir affaire à une femme, qu'il n'aura évidemment jamais rencontré physiquement. « Il lui a fallu du temps avant de comprendre la mascarade », a souligné la procureure, qui a requis une amende de 2 000 euros sous la forme de 110 jours amendes à 20 euros.
Et bien que le prévenu ait signé une reconnaissance de dette de 12 800 euros envers sa mère, qu'il affirme avoir remboursée après la vente de sa maison, les comptes ne sont pas équilibrés.
L'avocat de la mère a pu démontrer que l'ensemble de son épargne a disparu : comptes courants, placements et économies d'une vie se sont évaporés dans cette escroquerie. Un préjudice d'autant plus dramatique que cette octogénaire n'avait jamais connu de difficultés financières auparavant.
Devant le juge, le prévenu a tenté de justifier ces mouvements d'argent par des travaux dans la maison de sa mère et un changement de banque. Mais les explications ont été jugées insuffisantes par le tribunal. Le délibéré, attendu pour le 10 février prochain, devra trancher sur la responsabilité de ce fils qui, aveuglé par une relation virtuelle, a mis en péril la situation financière de sa mère, en plus d'avoir perdu sa confiance.
30 décembre 2024 à 09h35
