Meta ne se cache pas d'avoir utilisé des données piratées pour entraîner ses modèles d'intelligence artificielle. Seulement voilà, de nouveaux éléments indiquent que la firme de Mark Zuckerberg aurait aussi contribué à diffuser ces contenus.
C'est une affaire qui fait grand bruit. Malgré les mises en garde de ses équipes, Mark Zuckerberg aurait validé l'utilisation de documents piratés pour entraîner son IA, Llama, dont le succès n'est plus à prouver. Accusée par un groupe d'écrivains, Meta a justifié ses actes en invoquant l'utilisation équitable.
Plot twist, les auteurs ont découvert que la firme était passée par le protocole BitTorrent pour réaliser son extraction de données. Le problème ? En agissant ainsi, Meta aurait permis le partage de copies avec d'autres utilisateurs pirates.
Meta poursuivie pour l'utilisation d'œuvres protégées
Meta est accusée d'avoir utilisé des œuvres protégées par le droit d'auteur pour entraîner ses IA. La firme a d'ailleurs reconnu ce fait il y a un an, mais a également argué qu'il s'agissait là d'une pratique transformatrice réalisée dans le cadre du « Fair Use » (en français « Utilisation équitable »), un argument souvent repris par les acteurs de l'intelligence artificielle : « Dans la mesure où Meta a fait des copies non autorisées des œuvres protégées par le droit d'auteur enregistrées des plaignants, ces copies constituent une utilisation équitable en vertu de l'article 17 USC § 107. »
Cependant, les titulaires des droits ont demandé à ajouter une nouvelle plainte au dossier. La raison ? Ils auraient découvert que la firme de Mark Zuckerberg aurait utilisé le protocole BitTorrent pour télécharger des données sur LibGen, une volumineuse bibliothèque fantôme qui contient, entre autres, plus de 2,4 millions de livres de non-fiction, 2,5 millions de fictions et 84 millions d'articles scientifiques.
Une utilisation pas si « équitable » que ça ?
Dans la mise à jour de leur plainte, les auteurs ont notamment expliqué que l'accusée avait procédé à une distribution illégale, mais aussi intentionnelle de données piratées : « En téléchargeant avec le protocole BitTorrent, Meta savait qu'elle facilitait une nouvelle violation du droit d'auteur en agissant comme point de distribution pour d'autres utilisateurs de livres piratés. »
Bien que les avocats de Meta aient tenté d'empêcher la mise à jour de la plainte en arguant que ces éléments n'étaient pas nouveaux, le tribunal l'a, contre toute attente, autorisée : « Les preuves relatives à l'ensemencement sont pertinentes pour la réclamation existante, car elles sont potentiellement pertinentes pour l'affirmation des plaignants concernant une violation intentionnelle ou pour la défense d'utilisation équitable de Meta. »
Une enquête sur le piratage de torrents est en cours, et la firme pourrait être contrainte de partager ses journaux et paramètres BitTorrent, listes de pairs et données d'amorçage comprises. Meta avait jusqu'alors échappé à cette divulgation.
Mais l'affaire ne s'arrête pas là : estimant que le conseiller juridique interne de la firme serait aussi impliqué dans cette vaste histoire de téléchargement de torrents, les auteurs ont demandé à ce que la cour réexamine sa décision concernant l'exception de fraude criminelle. Impossible à ce stade de connaître l'issue de cette histoire, mais une chose est sûre : les avocats de Meta ont du pain sur la planche.
30 décembre 2024 à 11h37
Source : TorrentFreak