L'homme le plus riche du monde, qui revendiquait une place parmi l'élite mondiale des joueurs de hack'n slash, vient d'admettre avoir utilisé des moyens détournés pour atteindre les sommets des classements. Une confession peu surprenante.
La suite de la saga Elon Musk joue aux jeux vidéo pour se faire passer pour meilleur qu'il n'est pourrait peut-être toucher à sa fin. Ce, suite à la divulgation d'échanges privés avec un certain NikoWrex, YouTubeur assez peu connu (mois de 3 000 abonnés), mais respecté et spécialisé dans la création de contenus vidéo sur Diablo IV. Si Musk voulait gagner en crédibilité et faire des jeux vidéo une nouvelle tribune pour répandre ses idées auprès de la communauté gaming, c'est bien l'inverse qui risque de se produire.
Pécher par excès de vantardise
Pour celles et ceux qui n'avaient pas suivi cette histoire quelque peu ridicule, l'affaire a commencé en novembre dernier, lorsque Musk a fait apparition dans le podcast de Joe Rogan. Ce dernier y affirmait sans ciller faire partie des 20 meilleurs joueurs mondiaux de Diablo IV. Une déclaration qui ne manqua pas de soulever quelques sourcils chez les joueurs. Comment le dirigeant de Tesla, SpaceX et X, par ailleurs très investi politiquement aux côtés de Donald Trump, pourrait-il trouver le temps nécessaire pour atteindre un tel niveau d'excellence ?
Pour les personnes qui ne connaissent pas le genre hack'n slash, il est tout simplement impossible de prétendre arriver dans les hautes sphères de l'élite en jouant sur le pouce une heure par jour. Des titres commes Diablo IV ou Path of Exile 2 (PoE2, sur lequel Musk s'était ridiculisé plus récemment) sont très chronophages et nécessitent des centaines, voir des milliers d'heures de jeu afin de les connaître en profondeur. Un investissement en temps difficilement compatible avec la gestion de plusieurs entreprises valorisées en milliards de dollars.
Une technique de triche bien connue : le « account boosting »
Il y a quelques jours, NikoWrex a publié sur sa chaîne principale une vidéo nommé Addressing All the Elon Musk Drama in PoE2 with Elon Musk! On peut y apercevoir une conversation privée entre Musk (que le vidéaste considère comme un ami, selon ses dires) et lui-même.
Musk reconnaît donc avoir eu recours au « account boosting », une pratique consistant à payer tiers pour améliorer artificiellement son personnage ou son compte. Ce tiers peut être un joueur expérimenté, un bot ou un service spécialisé. Face à la question de NikoWrex : « As-tu déjà laissé quelqu'un jouer à ta place pour monter en niveau ou acheté de l'équipement/des ressources dans PoE2 ou Diablo IV ? », Musk a répondu en régissant avec un émoji « 100 % » dessous en se justifiant ainsi : « Impossible de tenir tête aux joueurs asiatiques si tu ne joues pas comme eux ! ».
La crédibilité de ces révélations est renforcée par plusieurs éléments : Musk suit personnellement NikoWrex sur X, a partagé la vidéo sur son propre compte et avait déjà échangé avec lui début janvier au sujet de PoE2. Par ailleurs, Nick Hayes (le véritable nom de NikoWrex selon son compte Instagram) affirme au début de la vidéo avoir reçu l'autorisation de Musk pour publier leur conversation.
Ce qui ne l'a pas empêché plus tard dans la conversation de s'autoproclamer comme « dieu vivant des jeux vidéo ».
Un dieu qui pourrait alors être à plusieurs endroits au même moment, puisque son personnage sur PoE2 a été aperçu en train de jouer alors même que Musk assistait à l'investiture de Trump à Washington le 20 janvier.
Sa compagne, Claire Boucher (plus connue sous son nom d'artiste Grimes) a tout de même tenté de sauver les meubles en attestant sur X avoir été témoin de ses performances exceptionnelles sur Diablo, évoquant même l'existence d'autres témoins pour appuyer ses dires.
Une situation vraiment lunaire, qui mêle banalisation de la triche, justification bancale et tentative maladroite de sauver les apparences. La vidéo de NikoWrex est d'ailleurs restée en travers de la gorge de nombreuses personnes l'ayant visionnée, certains l'accusant de jouer le lèche-bottes auprès de l'homme d'affaires. La section commentaire regorge d'ailleurs de phrases moqueuses et insultantes à son égard, qu'on ne traduira pas ici.
Sources : The Guardian, YouTube