Lancée jeudi dernier, l'IA française Lucie a été mise hors ligne après seulement deux jours de test public, après avoir donné des réponses fantaisistes qui ont déclenché une vague de moqueries sur les réseaux sociaux.

L'IA française Lucie a connu un léger couac © Alexandre Boero / Clubic
L'IA française Lucie a connu un léger couac © Alexandre Boero / Clubic

L'intelligence artificielle générative française Lucie aura tenu moins de 48 heures en accès public. Mise en ligne le 23 janvier pour une phase de test d'un mois, cette IA développée par la société francilienne Linagora et la communauté OpenLLM-France dans le cadre d'un projet France 2030 a rapidement montré ses limites. Pris entre critiques et moqueries, ses créateurs ont suspendu l'accès à la plateforme dès samedi.

Des débuts difficiles pour l'IA made in France Lucie

Les premiers tests effectués par les internautes ont révélé d'importantes lacunes dans les capacités de raisonnement de Lucie. Face à une simple opération mathématique « 5(3+2) », l'IA a d'abord répondu 17, avant de se contredire en proposant 50 dans son explication détaillée.

Plus troublant encore, Lucie s'est aventurée sur des terrains glissants avec des affirmations déconcertantes. Elle a notamment déclaré que les « œufs de vache » étaient aussi connus sous le nom « d'œufs de poule », une confusion qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux.

Lucie n'est pas encore au point, effectivement © Captures d'écran @rachidowsky13 sur X/Twitter
Lucie n'est pas encore au point, effectivement © Captures d'écran @rachidowsky13 sur X/Twitter

L'IA s'est également illustrée par des erreurs flagrantes sur des sujets basiques, comme l'orthographe du mot « strawberry » qui selon elle ne contient qu'un seul « r ». Elle est même allée jusqu'à affirmer que « la racine carrée d'une chèvre est 1 », une réponse qui a particulièrement alimenté les railleries.

Un modèle encore en phase expérimentale

Linagora a rapidement rappelé le statut du projet. L'entreprise souligne que Lucie est avant tout un projet de recherche académique, qui doit être adapté pour le monde de l'éducation courant 2025. Linagora explique que la version préliminaire n'a encore fait l'objet d'aucun travail spécifique avec l'Éducation nationale. Qu'elle est donc plus que perfectible.

Les développeurs reconnaissent que le modèle fonctionne actuellement avec des « réglages minimaux » et ne dispose pas encore de garde-fous contre les usages inappropriés. Ils admettent également que les capacités de raisonnement, notamment sur les problèmes mathématiques simples, sont insatisfaisantes à ce stade.

Cette version de Lucie est d'ailleurs qualifiée de « modèle brut » par ses créateurs, qui concèdent avoir sous-estimé l'importance d'informer clairement les utilisateurs des limitations actuelles du système.

Un projet, au-delà des moqueries, qui reste ambitieux

Malgré ce faux départ, l'équipe derrière Lucie maintient ses objectifs. L'entreprise dit vouloir s'inscrire dans une logique d'ouverture et de co-construction propre aux projets open source, tout en reconnaissant la précipitation de cette mise en ligne publique.

La fermeture temporaire de la plateforme doit désormais permettre à l'équipe de « mieux expliquer leur démarche » et de prendre le temps nécessaire pour améliorer le modèle. Les développeurs appellent à la patience et au respect du travail des chercheurs qui œuvrent pour développer des systèmes d'IA éthiques et transparents.

Le projet reste ambitieux : créer le premier modèle d'IA générative français open source aligné sur les valeurs européennes. Un défi qui nécessitera visiblement encore beaucoup de travail avant d'atteindre une version pleinement fonctionnelle et adaptée aux usages éducatifs prévus et espérés.