La guerre commerciale est bel et bien lancée. La Chine et le Canada, tous deux ciblés par des droits de douane américains, n'ont pas tardé à riposter. Et ils s'en prennent spécifiquement à des fleurons de l'industrie technologique américaine : Google et SpaceX.
C'était une promesse de campagne. Il y a quelques jours, Donald Trump annonçait l'augmentation des tarifs douaniers de 10 % sur tous les biens chinois, en plus d'une hausse de 25 % sur les produits exportés par le Mexique et le Canada, avec une exception de 10 % sur les produits énergétiques canadiens.
Cette décision est justifiée par l'afflux de fentanyl et de migrants aux frontières américaines. Cette drogue, un opioïde ultra puissant, est à l'origine d'une véritable épidémie aux États-Unis et a causé la mort de plus de 75 000 personnes dans le pays en 2023.
La Chine frappe fort
Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que la Chine réplique. Ce 4 février, l'administration d'État chargée de la régulation des marchés (SAMR) a lancé une enquête à l'encontre de Google pour une possible violation de la loi anti-monopole. Si les services de recherche en ligne et d'accès à Internet sont bloqués en Empire du Milieu depuis 2010, elle y maintient sa colossale activité publicitaire.
Pour l'heure, il n'est pas garanti que cette investigation mène à des sanctions pour Google, mais il semblerait que la Chine ait décidé de cibler un géant technologique déjà fragilisé. Visée par de nombreuses affaires antitrust, l'entreprise risque même le démantèlement dans son pays d'origine, où elle a été reconnue coupable d'abus de position dominante dans le secteur des moteurs de recherche et de la publicité en ligne.
En parallèle, le ministère chinois des Finances a déclaré qu'il imposerait des droits de douane de 15 % sur les importations de charbon et de gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis à compter du 10 février. Il appliquera également des droits de douane plus élevés de 10 % sur le pétrole brut américain, les équipements agricoles ainsi que certaines voitures et camions.
Le Canada cible Starlink
La réponse du Canada a elle aussi été prompte. Doug Ford, Premier ministre de l'Ontario, province la plus peuplée du pays, a assuré qu'il allait « déchirer » un contrat de 100 millions de dollars canadiens (environ 68 millions d'euros) établi avec Starlink, la filiale de SpaceX qui fournit un réseau Internet par satellite.
« L'Ontario ne fera pas affaire avec des gens qui ont la ferme intention de détruire notre économie », a-t-il asséné. Attribué en novembre, cet accord a vocation à couvrir 15 000 foyers et entreprises mal desservis par une connexion haut débit. Il s'inscrit dans le cadre du plan de la Province visant à garantir que chaque communauté dispose d'un accès au Web d'ici à la fin de l'année 2025.
Dans une publication postée sur X.com, Elon Musk, P.-D-G de SpaceX et membre du gouvernement américain, a brièvement réagi à la nouvelle : « Tant pis ».
Le Premier ministre du pays, Justin Trudeau, a aussi annoncé des plans de riposte tarifaire. Par ailleurs, les autorités du Québec, de la Colombie-Britannique et du Nouveau-Brunswick ont l'intention de cibler l'alcool américain, en plus de réexaminer les contrats provinciaux conclus avec des entreprises du pays de l'Oncle Sam.
« Je suis sûr que vous êtes choqués d'entendre cela, mais le Canada est très dur. Il est très, très difficile de faire des affaires avec eux, et nous ne pouvons pas les laisser profiter des États-Unis », a constaté Donald Trump ce lundi 3 février.
Donald Trump fait marche arrière
Coup de théâtre. Alors que l'augmentation des tarifs douaniers devait entrer en application ce 4 février, Donald Trump a décidé de les suspendre pendant un mois après, selon ses dires, avoir obtenu des garanties de la part des dirigeants mexicains et canadiens. Ces derniers se sont engagés à déployer davantage de forces aux frontières pour empêcher l'entrée de fentanyl et de migrants aux États-Unis, s'est félicité le président.
Si aucune mesure supplémentaire n'est annoncée, les droits de douane seront appliqués, a-t-il indiqué. En conséquence, le Premier ministre de l'Ontario a lui aussi mis en pause son projet de mettre fin au contrat passé avec Starlink.
Bien que ces mesures soient momentanément bloquées, elles nous offrent un aperçu de la tournure que prennent les événements. Les géants technologiques américains, et particulièrement les entreprises d'Elon Musk, s'imposent comme un choix stratégique pour la riposte des pays visés par les droits de douane. Donald Trump a également fait savoir qu'il allait augmenter les tarifs d'export sur l'Union européenne. « L'UE nous traite très, très injustement, très mal », a-t-il argumenté.
Sources : BBC, Reuters, TechCrunch