En France et en Europe, l'intelligence artificielle a réussi le tour de force de s'imposer encore plus vite que les téléphones portables. Chaque minute, cinq nouvelles entreprises franchissent le pas de l'IA.
![L'IA a définitivement trouvé sa place dans la société © Alexandre Boero / Clubic](http://pic.clubic.com/fc6461d02276919/1200x904/smart/chatgpt-message.jpg)
L'intelligence artificielle écrase tout sur son passage en Europe. Le dernier rapport publié ce samedi 8 février par Amazon Web Services (AWS) confirme que la démocratisation de l'IA s'accélère à un rythme sans précédent. Imaginez que 42% des entreprises européennes l'utilisent désormais de manière systématique, contre un tiers en 2023.
Cette progression fulgurante, presque folle et en tout cas historique, nous montre à quel point la discipline constitue une révolution technologique majeure, même si on ne peut s'empêcher de poser des questions sur l'émergence d'une possible fracture numérique.
Une adoption record de l'IA qui dépasse celle du téléphone portable à son époque
L'Europe vit une révolution technologique comme elle en a rarement connue. La proportion d'entreprises intégrant l'intelligence artificielle a tout simplement bondi de 27% en 2024, pour dépasser carrément le record établi par l'adoption des téléphones portables entre 2007 et 2008, qui n'avait atteint « que » 18%.
À ce rythme, près de trois millions d'entreprises européennes ont ainsi adopté l'IA au cours de l'année écoulée. Le rapport d'AWS table donc sur une adoption quasi universelle de l'IA d'ici 2030.
Les retombées économiques seront alors considérables : l'IA dans le cloud pourrait générer plus de 433 milliards de dollars de valeur ajoutée pour le PIB européen d'ici la fin de la décennie, ce qui pourrait contribuer à transformer en profondeur le tissu économique du continent.
Mais cette croissance spectaculaire ne masque pour autant pas certaines disparités importantes. Les start-up mènent la danse, puisqu'elles sont 68% à avoir déjà adopté l'IA, contre 53% pour les grandes entreprises. Plus révélateur encore, 37% des jeunes pousses développent de nouveaux produits basés sur l'IA, quand seulement 13% des grands groupes franchissent ce pas.
Le déficit de compétences calme un tout petit peu l'engouement
L'écart semble se creuser entre les acteurs économiques, ce qui peut inquiéter. Par exemple, seul un quart des entreprises dispose d'une stratégie IA globale en interne, quand à peine 3% l'ont véritablement intégrée sur le plan opérationnel. On peut aussi être préoccupé lorsqu'on apprend que 68% des entreprises peinent à comprendre leurs responsabilités face aux exigences réglementaires de l'EU AI Act.
Les freins sont donc nombreux, mais ils ont été identifiés. Le déficit de compétences numériques reste l'éternel obstacle dans le secteur des nouvelles technologiques, et cela vaut aussi pour l'intelligence artificielle.
![AWS veut former des centaines de milliers de personnes en France © Alexandre Boero / Clubic](http://pic.clubic.com/ca639ad82261660/1200x904/smart/aws-re-invents-2024.jpg)
Si la moitié des nouveaux emplois nécessiteront des connaissances en IA dans les trois prochaines années, seule une entreprise sur quatre dispose actuellement d'une expertise solide dans ce domaine. Le coût de cette fameuse expertise est un frein pour 35% des organisations.
De son côté, AWS s'engage notamment à investir massivement dans la formation, avec l'objectif de former 600 000 personnes aux compétences numériques en France d'ici 2030. Un effort qui s'accompagne d'un investissement prévu de 6 milliards d'euros sur la période 2017-2031 pour développer les infrastructures nécessaires.