La fin programmée des voitures thermiques en 2035 s'est heurtée à un nouvel obstacle en France. Les députés ont rejeté, lundi soir à l'Assemblée nationale, la transposition de cette échéance européenne dans le droit français.

La France ne veut pas tirer tout de suite un trait sur les voitures à essence © jittawit21 / Shutterstock
La France ne veut pas tirer tout de suite un trait sur les voitures à essence © jittawit21 / Shutterstock

C'est un revers inattendu qui va forcément poser question pour la transition écologique du secteur automobile en France. Dans un hémicycle clairsemé, les députés ont voté contre l'inscription dans la loi française de l'interdiction des véhicules thermiques neufs en 2035, une mesure pourtant déjà actée au niveau européen. Et voilà que les doutes sur la faisabilité et l'acceptabilité de cette transition sont de retour.

Le vote des députés met en péril la transition électrique 2035

Au Palais Bourbon, la décision contre la fin de la vente des voitures neuves thermiques dès 2035 a été prise ce lundi 17 février en fin de journée, avec 34 voix contre 30, principalement portée par les députés du Rassemblement National.

L'argument principal ? Le coût jugé « inabordable » des véhicules électriques pour les ménages modestes. Une préoccupation qui fait écho aux inquiétudes grandissantes des consommateurs face à cette transition imposée.

Le ministre de l'Industrie et de l'Énergie, Marc Ferracci, avait pourtant défendu cette échéance de 2035, en rappelant qu'elle a déjà mis en mouvement toute la filière automobile. Les constructeurs eux-mêmes ne demandent pas sa remise en cause, même s'ils espèrent des ajustements dans son application, notamment concernant les sanctions prévues.

La France se trouve donc dans une situation paradoxale. Alors que le droit européen prime sur le droit national, le pays conserve pour l'instant dans ses textes l'échéance de 2040, plutôt que 2035. Entre les ambitions environnementales européennes et les réalités économiques nationales, il faudra peut-etre choisir.

Les constructeurs automobiles appellent à plus de souplesse

La situation est d'autant plus complexe que l'industrie automobile européenne traverse une période charnière. Les constructeurs, qui sont confrontés à la concurrence chinoise et aux défis de l'électrification, multiplient les appels à la « souplesse » pour éviter de trop lourdes amendes si les objectifs de réduction des émissions de CO2 ne sont pas atteints cette année. La Commission européenne semble d'ailleurs prête à les entendre, avec un plan d'action attendu début mars.

Le secteur automobile représente un enjeu majeur pour l'économie européenne, en ce qu'il pèse pour 13 millions d'emplois et 7% du PIB de l'UE. Les récentes fermetures d'usines, comme celle d'Audi à Bruxelles, illustrent aussi les difficultés certaines d'adaptation. La transition vers l'électrique nécessite des investissements colossaux, alors que la rentabilité reste incertaine.

Se pose donc une question : comment concilier urgence climatique et réalités socio-économiques ? Si le vote des députés français ne remet pas en cause l'échéance européenne, il est le symbole d'un accompagnement nécessaire vers cette transition. Le texte va maintenant être examiné au Sénat, où le gouvernement tentera de réintroduire cette échéance de 2035. La navette parlementaire pourrait être longue à digérer.