C'est à Airbus que la Marine nationale a confié un contrat de 480 millions d'euros qui vise à moderniser ses communications aéro-navales, pour se préparer au combat collaboratif de demain.

La Direction Générale de l'Armement (DGA) a fait son choix. C'est le consortium mené par Airbus Defence and Space, associé à Naval Group, qui vient de remporter le juteux contrat du Réseau IP de la Force Aéronavale (RIFAN) étape 3, comme l'a officialisé le géant ce mardi 25 février.
D'une valeur maximale de 480 millions d'euros sur dix ans, ce projet ambitieux vise à moderniser l'architecture de communication numérique de plus de 80 bâtiments de la Marine nationale française. Le développement sera progressif entre 2026 et 2030, avec un déploiement prévu entre 2028 et 2032.
La cybersécurité navale française fait un bond technologique, et de nombreuses unités vont en profiter
Le projet RIFAN 3 représente un bond technologique majeur pour les communications maritimes militaires françaises. L'objectif principal est de préparer l'ère du « combat collaboratif naval » celle où toutes les forces impliquées dans une opération peuvent communiquer et partager des informations en temps réel.
Ce réseau intégrera de nouveaux moyens de transmission à haut débit et faible latence, essentiels pour coordonner efficacement des opérations complexes entre différentes unités navales. Le futur système équipera d'ailleurs l'ensemble de la flotte française : du porte-avions Charles de Gaulle aux sous-marins, en passant par les porte-hélicoptères amphibies, les frégates, les bâtiments de commandement et de ravitaillement, les patrouilleurs, les chasseurs de mines et les navires de soutien logistique.
En unifiant les communications sur une architecture réseau IP avancée, la Marine nationale pourra adapter sa posture opérationnelle plus rapidement face aux menaces émergentes.
Et justement, avec l'évolution constante des cybermenaces, RIFAN 3 va également intégrer des mécanismes de cybersécurité renforcés. Le système devra garantir l'intégrité et la continuité des opérations, même en environnement hostile. Cette résilience accrue permettra aux forces navales de maintenir leurs capacités opérationnelles dans des contextes dégradés, ce qui est ici un atout crucial pour les missions sensibles en zone contestée.
La supériorité informationnelle, nouvelle priorité de la Marine nationale
Airbus Defence and Space récupère un contrat très important, et la division du géant de l'aéronautique n'en est pas à son coup d'essai avec les réseaux militaires navals. L'entreprise est déjà responsable du système RIFAN 2, qui fut déployé entre 2012 et 2016 et qui a considérablement amélioré les communications de la flotte française. Mais comme l'explique Eric Even, le directeur de Space Digital chez Airbus, « avec RIFAN 3, nous préparons l'étape d'après, celle du combat collaboratif naval ».
Le nouveau réseau, dont le déploiement sera échelonné de 2026 à 2032, s'appuiera sur de multiples ressources de communication. On pense notamment aux satellites Syracuse IV, Comcept, et aux constellations satellitaires commerciales (LEO, MEO et GEO). La diversité doit ici garantir une connectivité permanente, même dans les environnements les plus exigeants.
L'un des atouts majeurs du système sera d'ailleurs sa capacité à se reconfigurer rapidement pour s'adapter aux ressources disponibles selon différents scénarios tactiques. L'échange sécurisé de données classifiées est aussi un enjeu central du projet.
RIFAN 3 permettra en effet de partager des informations de niveaux de classification variables, du « non protégé » jusqu'au « secret ». La flexibilité est indispensable pour les opérations modernes, où la maîtrise de l'information représente un avantage tactique décisif. À l'heure où la supériorité informationnelle devient un facteur clé de succès militaire, ce contrat va aider la Marine française à se positionner à la pointe de l'innovation en matière de réseaux militaires navals.