La prévision météorologique vient de faire de nouveaux progrès grâce au supercalculateur japonais Fugaku, qui peut désormais anticiper les tornades liées aux typhons quatre heures à l'avance. Une première mondiale aux implications considérables pour la sécurité publique.

La prévision des typhons va être grandement améliorée © Best BackGrounds / Shutterstock
La prévision des typhons va être grandement améliorée © Best BackGrounds / Shutterstock

Fujitsu et l'Université nationale de Yokohama viennent d'accomplir une avancée technologique majeure pour la prévision des catastrophes naturelles. Grâce au supercalculateur Fugaku et au simulateur météorologique Cloud Resolving Storm Simulator (CReSS), ils ont réussi la première prévision en temps réel au monde de tornades associées aux typhons. Cette prouesse pourrait transformer radicalement les systèmes d'alerte précoce au Japon et dans le reste du monde.

Le supercalculateur Fugaku fait des miracles, en passant de 11 heures à 80 minutes pour anticiper les tornades

La technologie développée par Fujitsu et l'Université de Yokohama utilise un traitement parallèle optimisé à grande échelle qui permet d'effectuer des simulations météorologiques d'une précision inédite. Le simulateur CReSS, développé par le professeur Kazuhisa Tsuboki, intègre désormais simultanément les typhons à grande échelle et les tornades à petite échelle. Il offre ainsi une complète modélisation des phénomènes météorologiques extrêmes.

Et les résultats sont tout bonnement spectaculaires. Alors qu'il fallait auparavant plus de 11 heures pour prédire la formation potentielle de tornades lors du Typhon n°10 qui a frappé la grande île japonaise Kyushu en août dernier, le temps de calcul a été réduit à seulement 80 minutes. Cette performance permet désormais d'anticiper l'apparition d'une tornade jusqu'à quatre heures à l'avance, un délai crucial pour l'évacuation des populations.

Résultats de simulation du Typhon n°10 en 2024, montrant les précipitations (à gauche) et la vitesse du vent (à droite). Le cercle rouge à droite met en évidence une zone de vents puissants tourbillonnants © Fujitsu / Université Nationale de Yokohama
Résultats de simulation du Typhon n°10 en 2024, montrant les précipitations (à gauche) et la vitesse du vent (à droite). Le cercle rouge à droite met en évidence une zone de vents puissants tourbillonnants © Fujitsu / Université Nationale de Yokohama

Plus impressionnant encore, ces calculs n'ont mobilisé que 5% des ressources du supercalculateur Fugaku. De quoi nous donner une idée du potentiel considérable pour des prévisions encore plus rapides et précises à l'avenir. Cette réserve de puissance laisse aussi entrevoir des possibilités d'application à plus grande échelle pour d'autres phénomènes météorologiques extrêmes.

En parallèle, les autorités pourront avoir plus de temps pour évacuer de potentiels sinistrés

Au Japon, où environ 20% des tornades sont associées aux typhons, cette nouvelle est plus bienvenue, puisque vous l'aurez compris, elle répond à un besoin crucial. Depuis 2008, le pays émet des alertes tornades, mais leur durée de validité n'est que d'une heure environ, un délai souvent insuffisant pour organiser efficacement les évacuations et minimiser les dégâts matériels et humains.

Cette nouvelle technologie peut sans exagérer être assimilée à une avancée majeure pour la gestion des risques. Il faut dire qu'à terme, elle pourrait permettre d'étendre considérablement la durée des alertes et d'améliorer leur précision géographique, ce qui donnerait aux autorités et aux habitants un temps précieux pour se préparer à affronter ces phénomènes dévastateurs, ou comme nous l'expliquions plus haut, pour aider à procéder à des évacuations.

Fujitsu et l'Université nationale de Yokohama prévoient en tout cas de rendre la version optimisée de CReSS accessible à la communauté scientifique au plus tard d'ici le 30 mars 2025. Et parce que vous n'allez pas y échapper, oui, les deux organisations travaillent également à intégrer l'intelligence artificielle pour améliorer davantage la vitesse et la précision des prévisions. La lutte contre les catastrophes naturelles amplifiées par le changement climatique vient bien de franchir un nouveau cap.