Dans le monde de la prévision météorologique, une révolution silencieuse est en cours, propulsée par l'IA. La saison des ouragans a cette année servi de banc d'essai, et les résultats sont remarquables.
Les prévisions météorologiques bénéficient désormais de l'intelligence artificielle pour prédire les différentes trajectoires prises par les ouragans. Les modèles d'intelligence artificielle développés par des géants technologiques comme NVIDIA, Huawei et Google DeepMind, montrent des performances prometteuses, en améliorant la précision des prévisions et surtout en accélérant ce processus.
Un pas de géant dans la prévision des ouragans
La saison des tempêtes et ouragans sert donc de terrain d'essai pour aider le monde de la prévision météorologique à entrer dans une nouvelle ère. Ont par exemple été utilisés des modèles d'IA pour prédire la trajectoire de l'ouragan Lee, classé en catégorie 5, qui est notamment passé au nord des Antilles et dont certains vents ont soufflé jusqu'à 270 km/h sur ce mois de septembre.
Ces essais ont fourni des résultats d'une précision remarquable pour le domaine. Alors que l'ouragan se dirigeait vers la Nouvelle-Écosse, l'intelligence artificielle avait déjà anticipé la trajectoire. Traditionnellement, les prévisionnistes s'appuient sur des modèles de physique atmosphérique pour prédire les déplacements des ouragans.
Ici, les nouvelles générations de modèles basés sur l'IA ont introduit une nouvelle approche. Plutôt que de se concentrer sur la physique, les modèles apprennent et progressent à partir de décennies entières de données atmosphériques, qui permettent d'offrir des prévisions plus rapides, plus précises, même si la route est encore longue.
Une rapidité prometteuse, mais pas encore l'efficacité ni la précision espérées
En 2023, la prévision météorologique demeure une matière complexe et un défi, en ce qu'elle tente de prédire le chaos atmosphérique. Les modèles d'IA pourraient peut-être repousser les prévisions au-delà de la limite théorique et maximale de deux semaines, établie par le mathématicien et météorologue Edward Lorenz dans les années 60.
En réalité, et cela vaut d'autant plus pour les ouragans, les prévisions demeurent encore très en deçà de la théorie. Et il ne faut pas oublier que les modèles d'IA ne manquent pas de défauts. Ils ont en effet tendance à minimiser les valeurs aberrantes et ont du mal à prédire les précipitations. Les chercheurs travaillent ainsi sur la façon dont il est possible d'améliorer ces aspects, en intégrant des données plus détaillées. Le patron de la recherche chez DeepMind, Shakir Mohamed, explique travailler sur une approche radar localisée, baptisée NowCasting, qui constituerait un début de prédiction de pluie. Mais nous n'en sommes qu'au stade des prémices.
Les spécialistes sont, certes, ravis de l'efficacité des modèles, car ils sont capables de produire plus rapidement diverses projections, et aident à une meilleure anticipation, notamment pour les ouragans, en quelques minutes seulement. Mais sur les terrains de la fiabilité et de la précision, il est pour l'heure difficile pour les modèles d'IA de rivaliser avec ceux basés sur la physique. Il faudra sans doute encore plusieurs années avant qu'ils aient pu avaler des données suffisamment fiables pour améliorer leurs prédictions.
Source : Wired