L'un des leaders mondiaux dans le domaine du conseil, Capgemini, prévoit l'émergence de systèmes « multi-agents IA » d'ici à 2025. Cette technologie serait en mesure de fonctionner indépendamment, planifiant et exécutant des tâches complexes avec une supervision humaine minimale.
Depuis le lancement de ChatGPT fin 2022, l'intelligence artificielle générative a pris le monde d'assaut. Faisant un carton chez les particuliers, et notamment chez les jeunes, l'IA est surtout considérée comme disruptive dans de nombreuses industries. Selon une étude du cabinet new-yorkais McKinsey parue l'année dernière, l'IA générative pourrait apporter entre 2 600 et 4 400 milliards de dollars dans la balance de l'économie mondiale chaque année.
Ses usages sont eux aussi voués à évoluer et à se multiplier, rapporte Capgemini dans un rapport récent portant sur l'utilisation de la technologie dans les grandes entreprises. Celui-ci s'appuie sur une enquête menée auprès de plus de 1 100 sociétés dont le chiffre d'affaires est égal ou supérieur à 1 milliard de dollars.
Des agents qui collaborent pour réaliser des tâches en arrière-plan
82 % des entreprises sondées par la firme prévoient d'intégrer des agents IA d'ici 1 à 3 ans. Seules 7 % n'ont pas l'intention de le faire. Ces chiffres témoignent de l'engouement qui ne s'estompe pas autour de la technologie, qui doit permettre un gain de productivité conséquent au sein des entreprises. Son utilité première : prendre en charge les tâches répétitives et chronophages pour que les travailleurs humains puissent se concentrer sur le cœur de leur profession.
Ces applications devraient se multiplier très prochainement. Plusieurs entreprises évoquent déjà le déploiement d'agents capables de travailler ensemble et de résoudre des tâches dans un système dit « IA multi-agents », a confié Pascal Brier, directeur de l'innovation de Capgemini, dans un entretien accordé à CNBC. Concrètement, ces modèles collaboreront en arrière-plan pour réaliser des travaux à la place de l'employé.
« Par exemple, un agent d'IA axé sur le marketing qui crée une campagne publicitaire pour une organisation pourrait travailler de manière autonome avec un autre agent du service juridique de cette même organisation pour s'assurer qu'elle est juridiquement valable », détaille le média.
Une accélération de l'adoption de l'IA, mais quelques doutes encore
En 2022, l'IA consistait en le fait de « comprendre ce qu'est un prompt et ce qu'est un grand modèle de langage (LLM) », a poursuivi l'expert. Désormais, « l'IA et l'IA générative se rapprochent, et il s'agit davantage de construire ces moteurs de connaissance, d'utiliser l'IA générative pour interagir avec ces moteurs et d'utiliser cette nouvelle notion d'agents comme substitut ou copilote pour trouver et faire les choses à notre place », a-t-il expliqué.
Le rapport note une accélération de l'adoption de l'IA en entreprise. En 2023, 6 % des sociétés adoptaient la technologie, contre 24 % cette année. Capgemini a toutefois observé des disparités selon la taille des firmes interrogées. Ainsi, 10 % des entreprises dont les revenus annuels sont compris entre 1 et 5 milliards de dollars déploient l'IA. Ce chiffre passe à 49 % pour celles dont les gains totaux sont supérieurs ou égaux à 20 milliards de dollars.
Malgré tout, Capgemini émet quelques réserves sur l'avenir de l'IA générative, la technologie devant encore faire face à d'importants défis. « Les organisations se heurtent à certains obstacles. Le manque de clarté sur les données sous-jacentes des modèles préentraînés, les biais possibles et le manque d'inclusivité posent des risques juridiques et de réputation, tout comme les "hallucinations" et le potentiel de fuite de données », indique la firme dans son rapport. L'empreinte carbone de l'IA est aussi à prendre en compte par les entreprises, conclut-elle.
10 novembre 2024 à 19h08