L'explosion de l'intelligence artificielle générative suscite des préoccupations au sein de l'Autorité de la concurrence. Cette dernière a décidé de s'autosaisir, jeudi, pour examiner les enjeux concurrentiels colossaux de la discipline et de ses acteurs.
Pour la seule année 2023, l'IA générative devrait générer un chiffre d'affaires de 42 milliards d'euros, soit le double qu'en 2022. Encore plus impressionnant, celui-ci pourrait tourner autour des 200 milliards de d'euros à l'horizon 2030. Il paraît ainsi normal que l'Autorité de la concurrence souhaite analyser les stratégies des acteurs numériques du domaine, parmi lesquels Microsoft, Amazon et Google, qui ont fait diverses acquisitions ces derniers mois. Une consultation publique a été officiellement lancée ce jeudi 8 février. Elle permettra à chacun de s'exprimer.
Aller plus loin que les initiatives française et européenne sur l'IA générative
L'ambition de l'Autorité de la concurrence est simple. Elle veut évaluer la compétitivité du secteur de l'IA générative, en étudiant les investissements de géants dans des entreprises innovantes ou en scrutant les pratiques des grandes entreprises technologiques sur l'infrastructure cloud (la concentration du secteur autour de quelques acteurs l'interroge), les données, la main d'œuvre qualifiée et autres.
On rappellera que depuis la mise à disposition au public de ChatGPT en novembre 2022, la technologie s'est diffusée absolument partout ou presque, puis sous différentes formes, avec la génération de contenus textuel, audio, photo et vidéo.
L'autosaisine de l'Autorité s'inscrit dans un contexte national et européen il est vrai dynamique. La France, le 19 septembre 2023, a par exemple mis sur pied un Comité de l'IA générative, pour définir les contours d'une politique ambitieuse de développement de l'intelligence artificielle, même s'il est déjà, peut-être, un peu tard.
L'Autorité de la concurrence veut veiller à ce que les géants n'abusent pas de leur position dominante
Au niveau européen aussi, les choses bougent. Le 2 février 2024 a vu la première loi globale mondiale sur l'IA être adoptée par les représentants des 27 pays membres de l'UE, et le G7 s'est mis d'accord autour d'un code de conduite sur l'intelligence artificielle un peu plus tôt, le 27 novembre 2023.
Les géants du numérique, déjà dominants dans certains secteurs, pourraient exploiter l'intégration verticale pour consolider leur pouvoir de marché dans l'IA générative. L'influence de Microsoft, Amazon, et Google s'étend avec des prises de participations significatives dans des start-up concurrentes. Citons OpenAI pour Microsoft et Anthropic pour Google et Amazon. Les différentes autorités de concurrence surveillent d'ailleurs de près ces développements et examinent les possibles effets dommageables.
La consultation publique, qui laisse aux acteurs jusqu'au 22 mars prochain pour répondre, vise à enrichir la réflexion de l'Autorité, qui rendra son avis dans les prochains mois. Les acteurs du secteur sont appelés à contribuer aux travaux, pour poser les jalons d'une régulation équilibrée de l'IA générative, conciliant innovation et préservation de la concurrence. Les mastodontes de la Tech répondront-ils à cet appel ? C'est toute la question.
Source : Autorité de la concurrence