Amazon, Google et Meta sont pointés du doigt pour des restrictions sur l'accès aux produits de santé sexuelle féminine. Des entreprises et organisations rapportent des difficultés à promouvoir leurs produits et contenus sur ces plateformes. En cause : des politiques de contenu et des algorithmes jugés biaisés.

Des restrictions imposées par Amazon, Google et Meta sur les produits et contenus liés à la santé sexuelle féminine attirent l'attention. Une enquête du Center for Intimacy Justice montre que des entreprises et organisations rencontrent des difficultés pour partager des informations et promouvoir des produits sur ces plateformes. L'une d'entre elles, VuVatech, spécialisée dans les appareils pour soulager la douleur pelvienne, a notamment vu ses produits bloqués sur Amazon.
L'enquête rend compte de préoccupations généralisées concernant la modération de contenu et les politiques publicitaires des géants de la technologie. Les plateformes se défendent en invoquant la protection des mineurs et des politiques de contenu sensible, mais les faits rapportés suggèrent le contraire.
Restrictions d'Amazon sur les produits de santé vaginale
Amazon a restreint la vente de certains produits de santé vaginale, considérés comme « potentiellement embarrassants ». Tara Langdale-Schmidt, fondatrice de VuVatech, témoigne sur Wired des difficultés rencontrées pour référencer ses appareils sur la plateforme. Amazon a bloqué des listes de produits et des coupons de réduction, et ainsi affecté les ventes de l'entreprise.
Selon elle, certaines versions de VuVa restent bloquées et inéligibles aux publicités payantes. Juliana Karber, porte-parole d'Amazon, a déclaré à WIRED qu'aucun produit VuVatech n'avait été bloqué pour violation de la politique relative aux adultes au cours de l'année écoulée, bien que Tara Langdale-Schmidt explique que c'est parce qu'elle a renoncé à essayer de répertorier de nouveaux articles, lasse de les voir retirés. Juliana Karber ajoute qu'Amazon comprend l'importance des produits de santé et de bien-être sexuels pour ses clients et que des milliers de marchands les proposent. Un bel exemple du pot de terre contre le pot de fer.
Difficultés généralisées sur les plateformes technologiques
Le Center for Intimacy Justice a mené une enquête auprès de plus de 150 entreprises et organisations du secteur de la santé sexuelle. Les résultats font état de difficultés à partager du contenu, promouvoir des produits et utiliser les services d'Amazon, Meta, Google et TikTok. Les organisations interrogées incluent celles fournissant des outils et un soutien pour la grossesse, la ménopause et d'autres sujets de santé.
Jackie Rotman, directrice générale du Center for Intimacy Justice, estime qu'ouvrir des opportunités commerciales aux plateformes en ligne ou les réseaux sociaux et faire ce qui est juste implique de mettre fin à ce qu’elle décrit comme une censure biaisée contre la santé des femmes.
Google, Meta, TikTok et Amazon affirment qu'ils maintiennent leurs politiques, dont certaines visent à protéger les mineurs contre les contenus potentiellement sensibles. Les entreprises soulignent également qu'elles offrent aux utilisateurs et aux annonceurs des moyens de faire appel des mesures d'application.

Politiques de contenu et algorithmes chez Google et Meta
On l'a vu, Google et Meta ont bloqué des publicités liées à la santé sexuelle, sur le principe du respect des règles sur le contenu sexuel ou inapproprié. Rebecca Sternberg, cofondatrice d'Aquafit Intimate, semble en avoir fait les frais.
Elle explique que Google a limité l'accès à certaines de ses publicités en raison de références à la « sécheresse vaginale » et à des contenus sur les « démangeaisons ».
A priori, rien de répréhensible. Pas pour Google, dont un représentant a expliqué la décision en citant des références sur le site Web d'Aquafit à des « fluides corporels tels que la sécheresse vaginale », l'affichage de parties du corps « inutilement » et des contenus sur les « démangeaisons » et les « brûlures » susceptibles de déclencher une réaction négative chez les spectateurs.
Rebecca Sternberg et son équipe ont tenté à deux reprises de faire appel de la décision de Google, sans succès. Le porte-parole de Google, Nate Funkhouser, a déclaré que la désignation « modérément restreinte » appliquée aux publicités d'Aquafit dans le cadre de la politique de contenu sexuel du géant de la publicité était appropriée.
Autocensure et contournement des restrictions
Les restrictions imposées par les plateformes ont donc un impact sur les entreprises de santé sexuelle. Lasses, certaines entreprises ont recours à l'autocensure en utilisant un « langage algorithmique » pour contourner les systèmes de filtrage. Des fautes d'orthographe ou des émojis peuvent être utilisés, par exemple le mot « sexe » peut devenir « seggs », le mot « lubrifiant » peut se transformer en « loob » ou le mot « fesses » pourrait être représenté par l’émoji pêche.
Bien qu'éviter le langage approprié puisse entraîner une confusion et exacerber les stigmates, les entreprises ont estimé qu'elles n'avaient d'autre choix que de s'autocensurer pour faire passer leur message.
Source : Wired (accès payant), Center for Intimacy Justice