C'est un séisme pour l'industrie américaine : Donald Trump appelle au démantèlement du Chips and Science Act. Élaboré sous l'impulsion de l'administration Biden, ce programme représente l'un des plans les plus ambitieux de ces dernières années en matière de politique industrielle.

Donald Trump veut abandonner le Chips Act. © Image générée par intelligence artificielle via Grok
Donald Trump veut abandonner le Chips Act. © Image générée par intelligence artificielle via Grok

L'initiative prévoit des aides de 52 milliards de dollars pour inciter les fabricants de semi-conducteurs à produire depuis les États-Unis. Objectif : revitaliser l'industrie américaine de puces tout en réduisant la dépendance vis-à-vis de l'Asie pour les composants électroniques. 39 milliards de dollars devraient ainsi être alloués en subventions, en prêts et en réductions fiscales pour la fabrication, tandis que 11 milliards de dollars doivent être dédiés à la recherche et au développement.

Et des entreprises comme TSMC, Intel, Samsung, SK Hynix et Micron Technology ont d'ores et déjà établi des contrats avec les autorités dans le cadre du programme.

Donald Trump préfère les tarifs douaniers

Mais il n'est visiblement pas au goût de Donald Trump. Lors d'un long discours devant le Congrès, il a imploré le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, de se débarrasser de cette loi. « Le CHIPS Act est une chose horrible, horrible. Nous donnons des centaines de milliards de dollars et cela ne sert à rien. Ils prennent notre argent et ne le dépensent pas. Vous devriez vous débarrasser du CHIPS Act et tout ce qui reste, vous devriez l'utiliser pour réduire la dette », a-t-il lancé.

Le travail semble déjà avoir commencé en sous-marin : cette semaine, environ un tiers du personnel du bureau du département du commerce, chargé de superviser les subventions accordées aux fabricants de puces, a été licencié.

Car aux yeux de Donald Trump, ce type d'aides constitue un gaspillage des fonds gouvernementaux. Il estime pouvoir obtenir le même résultat, c'est-à-dire l'implantation de nombreuses usines de fabrication sur le sol américain, en imposant des tarifs douaniers sur les semi-conducteurs importés. La veille, TSMC s'engageait à investir 100 milliards de dollars aux États-Unis, dans deux usines de packaging et un centre de recherche et de développement. Une décision que le président a directement attribuée aux tarifs douaniers sur les semi-conducteurs qu'il a l'ambition d'annoncer prochainement.

« Si les puces sont fabriquées à Taïwan pour les envoyer ici, ils devront payer des droits de douane de 25 %, 30 %, 50 % ou n'importe quel autre chiffre. Les droits de douane ne feront qu'augmenter. En le faisant ici, il n'y a pas de droits de douane », a-t-il expliqué.

Donald Trump veut inciter les entreprises à fabriquer aux États-Unis en imposant des tarifs douaniers. © DesignRage / Shutterstock
Donald Trump veut inciter les entreprises à fabriquer aux États-Unis en imposant des tarifs douaniers. © DesignRage / Shutterstock

Des contrats en suspens ?

Si le souhait du républicain est effectivement exaucé, il est difficile de savoir ce qu'il adviendra de l'argent déjà alloué. TSMC, par exemple, a déjà reçu 1,5 milliard de dollars dans le cadre du programme pour un autre engagement annoncé l'année dernière.

Même son de cloche pour les nombreux contrats alloués dans le cadre du Chips Act. Car la majorité des entreprises se sont engagées dans l'espoir d'obtenir des subventions conséquentes, afin de leur permettre de compenser le coût de la main-d'œuvre et de la construction. Dans le cas de TSMC par exemple, le fabricant comptait sur les aides pour trouver du personnel qualifié, les États-Unis connaissant une importante pénurie de travailleurs dans ce type de secteur. Ce n'est, évidemment, pas le cas de Taïwan.

Pour rappel, l'Union européenne (UE) a elle aussi élaboré son Chips Act local. Celui-ci prévoit 43 milliards de dollars pour les entreprises de semi-conducteurs, avec l'ambition de drastiquement stimuler la production locale.

Source : Bloomberg