C'est une somme affolante. Le géant taïwanais TSMC vient de s'engager à investir 100 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis… Et les pressions politiques ne semblent pas anodines dans cette décision.

TSMC est le numéro 1 mondial de la fabrication de puces de pointe. © Ricky kuo / Shutterstock
TSMC est le numéro 1 mondial de la fabrication de puces de pointe. © Ricky kuo / Shutterstock

En 2020, TSMC annonçait la construction d'une usine de production dans l'État de l'Arizona pour 12 milliards de dollars. Ses ambitions se sont rapidement développées depuis, avec deux autres sites de manufacture et un investissement total de 65 milliards de dollars. Ce montant atteint désormais les 165 milliards de dollars.

« Nous devons être en mesure de fabriquer les puces et les semi-conducteurs dont nous avons besoin ici même, dans des usines américaines, avec des compétences et une main-d'œuvre américaines, et c'est exactement ce que nous faisons », a commenté Donald Trump directement depuis la Maison-Blanche, où il était accompagné de C.C. Wei, le P.-D.G. de TSMC.

Enjeu géopolitique majeur

Le nouvel investissement du fabricant devrait se matérialiser au travers de la construction de trois usines supplémentaires : deux pour le packaging des puces, en plus d'un centre de recherche et développement. « Les puces d'intelligence artificielle les plus puissantes du monde seront fabriquées ici même, en Amérique », s'est félicité le président.

Car l'enjeu est majeur. TSMC est le leader mondial de la production de semi-conducteurs avancés utilisés, entre autres, pour l'intelligence artificielle (IA). Mais son attachement à son pays d'origine suscite des inquiétudes aux États-Unis. Les puces de pointe sont aujourd'hui considérées comme cruciales, et les grandes puissances mondiales multiplient leurs efforts pour les produire localement et moins dépendre de l'Asie, où elles sont majoritairement fabriquées.

Si Joe Biden a déployé le Chips Act, qui consiste à subventionner les entreprises implantant leurs usines aux États-Unis, Donald Trump, lui, privilégie l'imposition de tarifs douaniers sur l'importation de puces afin de pousser les constructeurs à s'installer dans le pays.

« S'ils les puces sont fabriquées à Taïwan pour les envoyer ici, ils devront payer des droits de douane de 25 %, 30 %, 50 % ou n'importe quel autre chiffre. Les droits de douane ne feront qu'augmenter. En le faisant ici, il n'y a pas de droits de douane », a indiqué le républicain, qui vient d'imposer des droits de douane de 25 % sur les produits canadiens et mexicains. De quoi convaincre TSMC ? C'est fort probable, lorsque l'on sait que la société compte les entreprises américaines les plus puissantes comme clientes.

Un bâtiment TSMC. © AlmondYue / Shutterstock
Un bâtiment TSMC. © AlmondYue / Shutterstock

Pressions politiques ?

Selon des analystes du cabinet de conseil Bernstein, Donald Trump a activé d'autres leviers pour pousser TSMC à renforcer ses investissements aux États-Unis. Ces derniers temps, il a en effet été question d'une participation de l'entreprise dans Intel, en grande difficulté. Une solution qui ne serait pas vue d'un très bon œil chez le fabricant, directement en concurrence avec la firme américaine.

Ainsi, TSMC aurait subi des pressions politiques pour répondre aux attentes du gouvernement américain sans avoir à fusionner ou investir massivement dans Intel. Reste à voir quelle sera la réaction de Taïwan, le géant des puces étant considéré comme un véritable champion national. Jusqu'alors, il réservait d'ailleurs la fabrication des technologies avancées aux usines de l'île…

Cette annonce fait suite à des initiatives similaires depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche : le projet Stargate d'OpenAI, SoftBank et Oracle, ainsi que l'engagement d'Apple à injecter 500 milliards de dollars pour développer ses puces et son IA.

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