Des dizaines d'entreprises tech européennes, parmi lesquelles Dassault Systèmes et Airbus, appellent ce lundi à la création d'un fonds d'infrastructure stratégique. Le Vieux continent veut sauver son autonomie numérique.

Alors que l'Europe craint de basculer dans une dépendance technologique vis-à-vis de la Chine et des États-Unis, Airbus, Dassault Systèmes et plus de 90 entreprises de la zone exhortent la Commission européenne à créer un fonds d'infrastructure souverain. L'idée serait de stimuler les investissements publics dans les technologies de pointe et de renforcer l'autonomie stratégique du Vieux continent face à ses concurrents ou partenaires commerciaux.
Des géants européens alertent sur les risques de dépendance technologique
Cette lettre ouverte a été envoyée à la patronne de la Commission européenne Ursula von der Leyen le 14 mars, avant d'être révélée par Reuters ce lundi 17 mars 2025. Parmi ses signataires, outre Airbus et Dassault Systèmes, on retrouve OVH Cloud, BPI France et l'European Software Institute.
Tous soulignent l'urgence d'agir face aux dépendances actuelles de l'Europe. Ces dernières créent selon eux des risques en matière de sécurité et de fiabilité et compromettent la souveraineté européenne, en plus de freiner la croissance économique de la zone.
La coalition appelle donc à une indépendance technologique accrue dans toutes les couches de l'infrastructure numérique critique. Cela concerne tant l'infrastructure logique (plateformes, applications, médias, modèles d'IA) que l'infrastructure physique (calcul, stockage, puces et connectivité).
La missive a également été adressée à Henna Virkkunen, la commissaire européenne au numérique. Elle montre en tout cas la préoccupation grandissante de la tech de l'UE face aux récents développements internationaux qui mettent aujourd'hui en évidence la nécessité pour l'Europe de préserver son autonomie stratégique.
Une stratégie d'« acheter européen » au cœur du plan de souveraineté numérique
La création d'un fonds d'infrastructure souverain serait, selon les signataires, un élément clé pour financer cet objectif ambitieux. Ce mécanisme serait particulièrement crucial pour les segments à forte intensité de capital, comme par exemple les technologies quantiques et les semi-conducteurs.
La lettre propose aussi que les gouvernements adoptent une politique d'« acheter européen » dans les appels d'offres publics. Leur intention est de stimuler la demande et d'encourager les entreprises européennes à investir davantage dans l'innovation technologique.
Les signataires précisent bien à Bruxelles que l'objectif n'est pas d'exclure les acteurs non-européens, mais plutôt de créer un espace où les fournisseurs européens peuvent légitimement concurrencer leurs homologues internationaux et justifier leurs investissements. Une nuance importante qui montre une volonté d'équilibre entre la protection des intérêts européens d'un côté, et l'ouverture économique de l'autre.
13 mars 2025 à 07h08