Le 1er Régiment d'Infanterie de Marine (RIMa) a signé une convention avec un club de tir pour améliorer sa lutte contre les drones FPV notamment. Les soldats vont pouvoir développer leur précision et leurs réflexes.

Les militaires anti-drones en action © 1er_RIMa sur les réseaux sociaux
Les militaires anti-drones en action © 1er_RIMa sur les réseaux sociaux

Avec la guerre en Ukraine, les drones sont autant devenus des cibles que des armes, et constituent des menaces désormais incontournables sur les théâtres d'opérations. Du coup, le 1er Régiment d'Infanterie de Marine (RIMa), le plus ancien des troupes de marine, explore différentes solutions pour mieux appréhender les petits aéronefs.

Et alors que le brouillage électronique atteint ses limites face aux drones FPV, notamment ceux connectés par fibre optique, le régiment se tourne vers des méthodes plus traditionnelles, mais redoutablement efficaces. L'unité blindée de l'armée de Terre a signé une originale convention avec un club de ball-trap, près d'Angoulême.

Des drones toujours plus résistants aux contre-mesures modernes

La guerre électronique, longtemps considérée comme la réponse idéale contre les drones, montre ses limites. Les appareils dits « FPV » de dernière génération, ces drones pilotés en immersion via caméra embarquée, qui offrent une vue à la première personne en direct, sont dans le collimateur des militaires français. Nous vous parlons particulièrement de ceux reliés à leur opérateur par câble à fibre optique, qui résistent aux brouilleurs classiques.

Ces drones, devenus « immunisés » contre les technologies de brouillage, sont une croissante à prendre en considération. L'utilisation d'armes à canons lisses apparaît donc comme une solution complémentaire efficace.

Les plombs d'une cartouche de chevrotine suffisent généralement à déstabiliser un drone en vol, même sans l'abattre complètement. L'armée ukrainienne a déjà adopté cette approche avec des fusils semi-automatiques Escort BTS12, tandis que la France a acquis des fusils à pompe Benelli Supernova Tactical, en trois versions.

Le défi pour notre armée reste néanmoins considérable. Si la France dispose déjà d'un début de réponse pour les drones les plus éloignés, toucher un engin volant jusqu'à 160 km/h à 120 mètres d'altitude avec une arme dont la portée effective ne dépasse guère les 100 mètres, relève d'une mission qui paraît presque impossible. Elle nécessite du moins des réflexes exceptionnels et une précision redoutable, compétences que le ball-trap permet justement de développer chez les soldats. Car impossible n'est pas français !

Le ball-trap militaire, nouvelle compétence tactique des marsouins du 1er RIMa

Le ball-trap, c'est ce sport de tir où l’on vise des disques en argile lancés dans les airs à la carabine. La convention signée entre le 1er RIMa et le Club de ball-trap de Dignac, en Charente, vise justement à développer certaines aptitudes essentielles propres à ce sport, dont nous parlions il y a un instant.

Comme l'explique le régiment sur ses réseaux sociaux : « Précision et dextérité sont deux compétences indispensables pour toucher une cible mouvante », qu'il s'agisse d'un plateau d'argile ou d'un drone hostile. La préparation opérationnelle permettra aux soldats une meilleure adaptation tactique, une fois sur le terrain.

Comme le fait remarquer Zone Miltaire, les fabricants d'armes suivent également cette évolution, comme en témoigne le développement par Benelli du M4 AI Drone Guardian. Ce fusil, spécialement conçu pour la lutte anti-drone, utilise un système appelé « Advanced Impact », qui accélère de 20 m/s la vitesse des projectiles, et augmente sérieusement les chances d'interception.

L'Inspection générale de l'armée de Terre apprécie. Elle a récemment salué les « innovations doctrinales » du 1er RIMa, en mentionnant notamment un « prometteur Escadron de drones de chasse ». Cette reconnaissance officielle confirme bien la pertinence d'une approche qui combine technologies de pointe et savoir-faire traditionnels, pour parer à toute éventualité.