La cybersécurité des transports publics est un sujet qui inquiète l'ANSSI. Dans un rapport publié le 17 avril, l'agence alerte sur les menaces qui visent à paralyser métros, tramways et bus.

Le rapport de l'Agence nationale de la Sécurité des Systèmes d'information sur la menace informatique qui pèse sur les transports urbains dresse un tableau préoccupant de nos vulnérabilités. Entre sabotages orchestrés par des États, actions hacktivistes et piratage des systèmes de signalisation, nos déplacements quotidiens sont devenus des cibles de choix. L'ANSSI dit avoir traité 123 événements de sécurité dans ce secteur entre 2020 et 2024, dont 32 incidents confirmés.
Quand les hacktivistes prennent les commandes de nos transports
Le cybermilitantisme transforme nos réseaux de transport en véritables champs de bataille numériques. Quelle fut l'opération la plus audacieuse de ces dernières années ? Peut-être celle menée en septembre 2022, lorsque des hackers pro-ukrainiens ont pris le contrôle de l'application Yandex Taxi à Moscou, en envoyant une armée de taxis vers un même point pour créer un embouteillage spectaculaire pendant trois heures.
La France n'est évidemment pas épargnée par cette vague. Des groupes pro-russes comme NoName057(16), qui vise régulièrement la France, ont ciblé les sites de la RATP et de Transilien en 2023. Le groupe Narodnaya CyberArmiya, amateur d'attaques de type DDoS, a aussi revendiqué une cyberattaque contre l'entreprise française de taxis Aramis en juillet 2024.
L'ANSSI n'oublie pas non plus les Jeux Olympiques de Paris, qui ont d'ailleurs servi de « caisse de résonance » à ces revendications, en offrant une visibilité mondiale aux actions de ces groupes.
On peut aussi vous parler des feux de circulation, qui deviennent des jouets pour les hackers en herbe. Si aucun cas français n'est cité dans le rapport, l'ANSSI s'inquiète de la vulnérabilité des équipements de signalisation urbaine qui, comme l'a démontré un chercheur néerlandais, peuvent être détournés avec une simple radio modifiée.
La guerre cyber s'invite dans nos rames de métro
S'il y a bien une famille d'élément qui nourrit les cyberattaques contre les infrastructures de transports, ce sont les tensions géopolitiques. Et ces dernières débordent désormais jusque dans nos stations de métro. L'attaque BadRabbit contre le métro de Kiev en 2017, œuvre présumée des services secrets russes, a à l'époque montré que les infrastructures civiles sont devenues des cibles stratégiques dans les conflits entre nations.
Techniquement, ces opérations sophistiquées exploitent la fusion progressive entre les systèmes industriels et informatiques. Car oui, les technologies qui gèrent la circulation des rames, autrefois isolées, sont aujourd'hui connectées au réseau mondial. Voilà qui offre une surface d'attaque étendue pour des acteurs disposant de ressources quasi-illimitées.
L'ANSSI essaie de nous rassurer tout de même en notant que les tentatives de déstabilisation affectant les entités françaises restent généralement bien contenues. L'agence a surtout observé des revendications d'attaques DDoS, des fuites de données et des usurpations d'identité, sans conséquence significative sur le fonctionnement réel des réseaux. Mais l'avertissement est clair : la menace continue d'évoluer, et elle exige une vigilance constante.