Le colossal investissement de TSMC aux États-Unis va de paire avec une montée en puissance des usines TSMC de l'Arizona.

Il y a encore quelques mois, la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company était inconnue du grand public. Aujourd'hui, la firme taïwanaise n'en finit plus de faire l'actualité et souffle le chaud et le froid.
Faisant suite aux nombreuses annonces d'investissements aux États-Unis, TSMC est aujourd'hui en mesure de confirmer l'accélération des travaux sur la Fab 21 qui sera bientôt en mesure de produire des composants selon les trois nœuds les plus avancés de TSMC : le N3 (3 nm), le N2 (2 nm) et, même, l'A16 (1,6 nm).
Le N2 n'est plus réservé à Taïwan
L'aventure américaine de TSMC ne date évidemment pas du retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis. Dès 2020, soucieuse de diversifier ses unités de production, TSMC avait annoncé la construction d'une usine de production dans l'État de l'Arizona pour 12 milliards de dollars.
Il n'en demeure pas moins que la montée en puissance de TSMC aux États-Unis va de paire avec les pressions exercées par l'administration Trump qui souhaite voir un maximum de productions se faire sur le sol américain. Toutes les entreprises de la tech sont ainsi incitées à investir aux États-Unis et, bien que perçue comme une trahison à Taïwan, les 100 milliards de dollars annoncés pour un investissement cumulé de plus de 165 milliards confirment les intentions de TSMC au pays de l'Oncle Sam.
À l'origine, les plans de TSMC ne prévoyait que des usines de « seconde zone » aux États-Unis. Le groupe avait alors dans l'idée de réserver ses plus fins nœuds de production aux structures taïwanaises, mais les choses ont bien changé en l'espace de quelques années.
Il y a seulement quelques jours, c'est AMD qui faisait la une de l'actualité en annonçant – aux côtés de TSMC – la production du premier processeur HPC en nœud N2 à Taïwan, la puce EPYC Venice de 6e génération.
Une annonce qui semblait confirmer que le nœud N2 (2 nm) serait encore pour un moment réservé aux usines taïwanaises, mais au travers d'une conférence téléphonique destinée aux investisseurs, TSMC a confirmé l'importance de la production américaine. Ainsi, il sera question, à terme, de sortir pas moins de 30 % de toute sa production N2 des usines américaines et, plus particulièrement, de la fameuse Fab 21 située en Arizona.
Vers une « gigafactory » en Arizona ?
Mieux, TSMC a confirmé l'accélération de la mise en route des nouvelles unités de la Fab 21. Celle-ci devrait ainsi pouvoir augmenter la production de composants selon les nœuds N3 (3 nm) et N2 (2 nm), mais aussi disposer de lignes pour le futur nœud A16 (1,6 nm) lequel ne sera donc pas non plus réservé aux seules usines taïwanaises. C.C. Wei, le P.-D.G. de TSMC, a indiqué :
« Une fois le projet terminé, environ 30 % de notre capacité de production de semi-conducteurs 2 nm et plus sera localisée en Arizona, créant ainsi un pôle indépendant de fabrication de semi-conducteurs de pointe aux États-Unis […] Cela permettra aussi de réaliser de plus grandes économies d'échelle et de favoriser un écosystème plus complet de la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteurs aux États-Unis ».
Il est ainsi question de produire au moins deux nouveaux modules pour la Fab 21 alors que, jusqu'à présent, de tels modules n'étaient annoncés que pour les usines taïwanaises du groupe, situées à Hsinchu et Kaohsiung. Ces dernières doivent recevoir les plus gros investissements de TSMC et réserver une part largement majoritaire de la production N2.
Reste que produire 30 % des puces N2 en Arizona est un tournant sur lequel peu de monde aurait parié il y a deux ans. Gardons toutefois à l'esprit que, pour le moment, la Fab 21 se focalise sur la production de composants en N4 et N5. La construction du module 2, autorisant la fabrication de puces en N3, est achevée alors que celle des modules 3 et 4 (pour les nœuds N2 et A16) devrait débuter un peu plus tard cette année.
À terme – mais nous parlons ici de plans à l'horizon 2028-2029 – TSMC aimerait faire de la Fab 21 une « gigafactory » à même de produire plus de 100 000 wafers par mois. Les intentions sont là, elles sont claires, mais nous ne sommes encore qu'aux débuts du chantier et il n'est donc pas le moins du monde question de se passer de la production taïwanaise avant un long moment.
Source : Tom's Hardware