Jusqu'ici connu sous le nom de « The Venice Project », le projet de télévision sur le Web en peer-to-peer (P2P) des fondateurs de Skype se dévoile aujourd'hui sous son nom définitif : Joost. Aujourd'hui, le logiciel n'est toujours proposé que sous forme de version bêta à une communauté limitée de testeurs. En attendant la sortie de la version définitive, voici la somme des informations disponibles sur le projet, accompagnée de nos captures d'écran exclusives.
Joost : une Web TV gratuite financée par la publicité
Joost ambitionne de proposer aux distributeurs de contenus ainsi qu'aux chaines de télévision une plateforme de diffusion reposant sur la technologie qui a fait le succès de logiciels comme Skype ou Kazaa. Grâce au P2P, les utilisateurs contribuent à la diffusion des contenus qu'ils visionnent, ce qui permet à Joost de réduire considérablement ses frais de bande passante et de promettre une qualité nettement supérieure à ce qui se fait aujourd'hui en matière de Web TV. S'il ne s'expose pas aux frais de fonctionnement colossaux d'un YouTube, Joost ne peut cependant pas fonctionner de façon totalement décentralisée.
Pour financer ses services et rémunérer les distributeurs de contenus, Joost mise sur la publicité, qui prendra la forme de courts encarts à la façon des spots diffusés à la télévision. Certaines des vidéos diffusées via Joost sont déjà précédées d'une courte séquence vantant les mérites du sponsor du programme. Aujourd'hui, il manque encore à Joost quelques partenaires d'envergure. Aucune chaine de télévision n'a par exemple signé de façon officielle pour distribuer ses contenus par ce biais.
Du côté de l'utilisateur, Joost permet de naviguer parmi les différentes « chaines » disponibles au moyen d'une interface qui rappelle celle des media center destinés à la télévision. Les contenus visualisés sont stockés localement sur le disque dur, en cache, afin de permettre leur redistribution sur le réseau vers d'autres utilisateurs, mais il n'est pas possible de les enregistrer.
Une véritable TV en P2P ?
Sur le plan technique, Joost utilise la technologie de P2P mise au point par la société Joltid, créée par les fondateurs de Skype pour distribuer sous licence les innovations qui ont fait le succès de Kazaa. D'après GigaOm, l'encodage vidéo est assuré par un codec H.264 fourni par la société CoreCodec.
Bien que Joost prenne la forme d'un client, installé en local, et non d'un Web service comme le voudrait l'air du temps, il adopte un moteur issu de l'univers Internet, fourni par ! Joost dispose ainsi d'une solution aisément portable sur différents systèmes d'exploitation, voire sur une console de jeux ou une box de type Apple TV, même si la version bêta actuelle ne fonctionne qu'avec Windows. Ce choix permet en outre d'envisager, à court ou moyen terme, l'intégration d'un certain nombre de services Web. Pour l'instant, Joost propose par exemple un lecteur RSS. Le rendu serait quant à lui partiellement assuré au moyen de la technologie vectorielle SVG (Scalable Vector Graphics).
Joost : une solution de divertissement tout en un ?
Ouvert aux services extérieurs, Joost dispense un certain nombre de fonctionnalités qui se superpose à la vidéo comme un lecteur de flux RSS, un module de messagerie instantanée ou un module de chat. On y retrouvera par ailleurs un certain nombre de « widgets », comme une horloge par exemple.
Usant de nombreux effets de transparence, qui permettent de superposer les menus de navigation à la vidéo en cours de lecture, l'interface se rapproche de celle de certains media center, et pourrait tout à fait être pilotée à la télécommande. Elle s'articule autour de deux menus. Le premier, « My Joost », donne accès aux fonctionnalités tierces et aux plugins, alors que le second dispense la liste des programmes disponibles.
En mode lecture, il est possible de mettre en pause la vidéo, de revenie au début ou de passer directement au contenu suivant. Une véritable navigation au sein des vidéos n'est aujourd'hui pas permise, notamment pour éviter que les utilisateurs ne passent les séquences de publicité. Le mode de diffusion retenu, qui s'apparente à du P2P avec stockage temporaire des sources, ne permet de toute façon pas de naviguer à sa guise dans l'intégralité d'une vidéo. Pour chaque programme, une page d'information est proposée. Enfin, Joost dispose d'un moteur de recherche et permet de combiner ses vidéos préférées sous forme de favoris.
La clé du succès : trouver des partenaires
Bien que Joost utilise une technologie basée sur le P2P, les frais de fonctionnement seront loin d'être nuls. Il faudra en outre rémunérer les fournisseurs de contenus. Pour ce faire, Joost devra décrocher d'importants contrats publicitaires, ce qui ne pourra se faire que si ses fondateurs sont en mesure de proposer des contenus à haute valeur ajoutée. Ils devront donc trouver le moyen de décrocher certaines exclusivités ou de signer avec des chaines de télévision réputées, qui ne sont pas toujours enclines à l'idée de voir leurs contenus diffusés hors de leur propre réseau.
Les curieux pourront s'inscrire pour accéder au bêta test via le site de Joost. Attention, l'envoi des identifiants permettant de télécharger et d'installer le logiciel peut prendre plusieurs jours, voire plusieurs semaines, Joost n'ayant pas encore mis en place de programme de bêta test public.