En avril dernier, une étude publiée par Comscore estimait que les internautes français passaient désormais plus de 13% de leur temps à consulter des vidéos sur internet. Un succès d'audience confirmé quelques semaines plus tard par une étude de Ellacoya Networks qui estimait pour sa part qu'un site comme YouTube consommait à lui tout seul 10% de la bande passante de l'internet contre à peine 1% pour des applications de VoIP comme Skype.
Mais l'engouement des internautes pour la vidéo sur internet ne fait pas que des heureux, à commencer par les opérateurs télécom, dont les infrastructures imaginées pour les communications point à point, ne sont pas adaptées à de tels volumes de données et qui souhaiteraient désormais facturer la bande passante aux plates-formes vidéo.
En France, et DailyMotion, pourtant partenaires avec le service Neuf Stream, semblent avoir inauguré les hostilités. Depuis jeudi, les abonnés Neuf Telecom éprouvent par exemple des difficultés pour consulter des vidéos hébergées par DailyMotion. Bien que l'opérateur feigne l'étonnement, les équipes de DailyMotion sont nettement plus précises : «Jeudi matin, notre interconnexion 10Gbps avec le réseau (peering) de Neuf Cegetel s'est vue bridée à 1Gbps rendant inutilisable le service Dailymotion par leurs abonnés. Nous n'étions pas totalement surpris puisque après des discussions non concluantes avec Neuf Cegetel concernant la facturation de ce peering gratuit, ses jours étaient comptés. » explique la jeune société sur son blog.
Ce type de conflit n'est toutefois pas une spécialité hexagonale. Comme le rapporte le blogueur Om Malik, des fournisseurs d'accès britanniques comme Tiscali ou Carphone Warehouse ont décidé de boycotter iPlayer, un service de téléchargement vidéo peer-to-peer de la BBC, accusé également de consommer trop de bande passante.
Même si un leader comme YouTube n'a pas (encore) été confronté à ce type de problème, ces incidents pourraient obliger les grandes plates-formes vidéo à renoncer au peering (gratuit) au profit du transit (payant) afin de pouvoir continuer à diffuser des vidéos. Reste à savoir si leur modèle économique, essentiellement basé sur la publicité, pourra amortir des coûts également impactés par les nombreux problèmes juridiques et par la nécessité de rémunérer une partie des producteurs de contenus.